Paris 2024 : la sécurité a compté pour un quart de la dépense publique liée aux Jeux

Par Le Nouvel Obs avec AFP
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Des policiers devant les anneaux olympiques installés place de la Bastille le 25 juillet 2024. EPN/NEWSCOM/SIPA
Ce n’est qu’une « première estimation » : selon un document de la Cour des comptes publié ce lundi presque un an après l’évènement, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d’euros d’argent public dont une grande part dédiée à la sécurité de cet évènement hors normes, une évaluation jugée « disproportionnée » par les organisateurs.
Cette première estimation agrège des coûts publics concernant de nombreuses dépenses de l’Etat, des collectivités ou d’entreprises publiques : primes aux policiers, construction du village olympique ou du centre aquatique olympique à Saint-Denis, ou encore le coup d’accélérateur mis sur les travaux de la ligne 14 du métro dans les dernières semaines pour arriver à temps près du village olympique. La Cour a évalué « les dépenses d’organisation à 2,77 milliards d’euros » dont 1,4 milliard pour la sécurité, et « les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d’euros ».
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Aucun chiffre n’était à présent sorti hormis de la bouche du premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici qui avait avancé en mars 2024 à la radio que ces Jeux pourraient coûter « entre trois, quatre, cinq milliards » de dépenses publiques, tout en précisant qu’on ne le saurait qu’à la fin des Jeux.
Jusqu’à présent, seuls les comptes du comité d’organisation (Cojo) à 4,4 milliards en dépenses (76 millions d’euros d’excédent) reposant quasi essentiellement sur des financements privés et ceux de la Solideo (Société des livraison des ouvrages olympiques) comprenant une part publique, étaient connus.
« Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d’hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l’institution.
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La facture publique est un véritable casse-tête à calculer, à retracer sur plusieurs années, et avec des périmètres à définir. Faut-il compter les dispositifs antidrones supplémentaires achetés avant les JO qui serviront aussi pour la suite ? La Cour des comptes répond oui.
Un rapport plus détaillé sera publié d’ici octobre car certaines dépenses ne sont pas encore connues entièrement comme celles des collectivités mais aussi certaines dépenses fiscales.
De même, du fait de « l’indisponibilité des données », elle n’a pas inclus « les effets positifs et négatifs des Jeux sur l’activité économique », Jeux qu’elle qualifie par ailleurs « d’incontestable succès populaire et médiatique ». Un autre rapport sur « l’héritage » sera publié en 2026.
Parmi les plus grandes dépenses publiques : celles liées à la sécurité, avec un grand nombre de forces de l’ordre mobilisées dans un contexte de risque terroriste, ce qui a représenté 1,4 milliard d’euros (dont des primes pour près de 315 millions euros pour la police et la gendarmerie). Compte tenu du manque d’agents de sécurité privée, l’Etat a aussi investi 78 millions d’euros pour former de nouveaux personnels.
Viennent ensuite les dépenses liées aux transports et mobilités : 570 millions d’euros dont 335 pour les « renforts d’offre » de la RATP et de la SNCF. S’agissant des infrastructures, à la date de mars 2025, la part de l’Etat et des collectivités dans la Solideo est de 1,65 milliard d’euros.
« Chiffrage disproportionné »Petit flottement concernant la baignabilité de la Seine qui a cumulé 1,4 milliard d’euros d’investissements publics, mais certains peuvent être imputés à des obligations européennes. A ce stade, la Cour des comptes estime les coûts de baignabilité de la Seine imputables aux Jeux « entre 200 millions et un milliard d’euros ». Compte tenu de « cette incertitude », ces coûts ne sont pas intégrés dans cette première évaluation.
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Le comité d’organisation des JO, qui fermera ses portes le 30 juin, trouve que la Cour a ratissé bien large, avec un « parti pris » au risque de « créer un biais de perception ».
« Un chiffrage disproportionné par rapport à la réalité », a estimé auprès de quelques journalistes son directeur financier Fabrice Lacroix, qui évalue la facture publique plutôt « autour de deux milliards d’euros ».
Dans sa réponse à la Cour des comptes, le président du Cojo Tony Estanguet regrette que « l’impact économique positif des Jeux » ne soit pas pris en compte. « La publication précipitée de ce document introduira hélas, dans l’esprit du public, une confusion sur la réalité de cet événement majeur, qui a donné à voir le meilleur de notre pays il y a à peine un an », poursuit ce courrier dont l’AFP a eu copie.
Par Le Nouvel Obs avec AFP
Le Nouvel Observateur