RCT: Ma’a Nonu, la légende éternelle

Vous faisiez quoi, vous, l’année de vos 43 ans (pour ceux qui ne les ont pas encore, faites confiance à vos parents)? En grand sportif de votre état, on imagine que vos genoux commençaient sérieusement à siffler, et que vous aviez raccroché les crampons depuis belle lurette, n’est-ce pas? Et si les plus courageux d’entre vous sont peut-être parvenus, avec une immense volonté, à les remplacer par des baskets de running, on présume que le plus grand nombre avait opté pour un pique à barbecue et une paire d’Obut offerte pour vos 35 ou vos 40 ans?
"La vérité vient du terrain, pas de ses 43 ans"
Alors, imaginez que Ma’a Nonu, 17 jours après avoir soufflé sur sa 43e bougie, s’apprête à passer 80 minutes (probablement un peu moins) au beau milieu d’une très hostile pelouse de Top 14. Car, numéro 12 dans le dos, le mythe néo-zélandais ne semble toujours pas décidé à s’offrir un repos pourtant ô combien mérité.
"Quand on voit dans l’état de forme avec lequel il est arrivé… Il était déjà prêt. À partir de là, il n’y a rien à dire, tranchait, admiratif, Gabin Villière, qui sait pourtant à quel point le rugby peut-être brutal pour les organismes. La vérité vient du terrain, pas de ses 43 ans, de sa taille ou de son poids. Et Ma’a a déjà prouvé sur le terrain, et va le faire à nouveau ce week-end."
Car, ce soir, et pour la troisième fois depuis son retour à Toulon fin février, Pierre Mignoni alignera l’icône du pays au long nuage blanc.
Leicester Fainga’anuku, de 17 ans et 4 mois son cadetSauf que, contrairement à Castres ou Clermont, où il avait démarré depuis le banc, le légendaire All Black sera cette fois titulaire, aligné au côté de Leicester Fainga’anuku… de 17 ans et quatre mois son aîné.
Un drôle de symbole quand on sait que l’un est à n’en pas douter le meilleur centre de l’histoire de ce sport, et qu’il a remporté deux titres de champions du monde avec les All Blacks, et que l’autre rentrera à la fin de la saison en Nouvelle-Zélande, justement pour tenter d’assumer ce lourd héritage. De quoi forcer le respect de ses coéquipiers, dont Facundo Isa. "Ma’a, j’ai joué avec lui il y a quelques années [en 2017-2018, puis en 2020-2021] mais je crois qu’il continue de tous nous surprendre. Par son attitude, son envie de vouloir continuer à jouer, à gagner. Et d’aller toujours plus loin…" Avec cette volonté farouche de renverser des adversaires ballon en main, de dominer des collisions et tout simplement d’insuffler sa culture de la gagne, tant que son corps le lui permet.
Comme si 23 années de rugby professionnel (son premier match pro recensé date de 2002) n’avaient pas altéré d’un centimètre sa passion pour ce sport, pourtant si exigeant.
"Ma’a, je vous assure que c’est un moteur pour le groupe, reprenait Pierre Mignoni. Il impacte les autres, c’est incroyable. Pas par des paroles, mais par des actes, et par l’action. Il est hyper généreux, il donne beaucoup. Et pour ce qui est du terrain, il est en train de retrouver un certain niveau… Et je sens qu’il commence à avoir faim, que ça le démange."
S‘il sait que ses plus belles années sont inévitablement derrière lui, Ma’a Nonu voudra pourtant encore une fois faire profiter Toulon de son savoir-faire, de son expérience et de sa magie noire. Pour ce qui pourrait être l’une de ses toutes dernières apparitions avec un maillot sur le dos? Rien n’est moins sûr car, s’il quittera Toulon après cette pige inattendue, le géant néo-zélandais ne semble pas encore décidé à remplacer ses crampons par une paire de charentaises, préférant pour l’heure continuer à écrire son extraordinaire légende.
Var-Matin