Roland-Garros : Alexander Zverev-Novak Djokovic, un choc au carrefour des ambitions

En difficulté ces derniers mois, l'Allemand et le Serbe jouent gros dans un match qui s'apparente à un premier test cette année sur l'ocre parisienne, en quarts de finale, mercredi.
/2025/03/11/anais-rond-67d06d8eb68f7737337115.jpg)
Un match décisif pour continuer de rêver à un trophée du Grand Chelem. Alexander Zverev convoite son premier sacre dans un Majeur après déjà deux finales (une à l'Open d'Australie et une à Roland-Garros) et six demi-finales. Novak Djokovic court après son 25e depuis septembre 2023. Les deux joueurs, aux dix ans d'écart, se retrouvent en quarts de finale de Roland-Garros, mercredi 4 juin, pour la 14e fois de leur carrière (le Serbe a gagné huit fois) et pour un match qui s'apparente pour chacun d'entre eux à un défi et un tournant.
Cette année, le Serbe et l'Allemand sont arrivés porte d'Auteuil riches de seulement un titre, mineur qui plus est : Alexander Zverev a remporté celui de Munich en Allemagne (ATP 500) et Novak Djokovic celui de Genève (ATP 250). Malgré un classement mondial louable (Alexander Zverev pointe en 3e position, Novak Djokovic en 6e), les deux joueurs n'ont pas abordé le tournoi parisien la jauge de confiance pleine.
La faute pour l'Allemand à une succession de revers inquiétants après sa défaite sèche en finale de l'Open d'Australie (3-6, 6-7, 3-6 face à Jannik Sinner), le 25 janvier. "J'avais l'impression d'être un peu en 'burn out'", a-t-il confié à la veille du Masters 1000 de Rome. Le Serbe a lui chuté d'entrée à deux reprises sur des Masters 1000 sur terre battue (Monte-Carlo puis Madrid). L'ancien numéro 1 mondial a réussi néanmoins à se rassurer en s'imposant à Genève, le 24 mai. "Je n'avais que deux matchs sur terre battue. Or, j'ai besoin de jouer pour trouver mon jeu sur cette surface, s'est justifié Novak Djokovic, à la veille de son entrée en lice à Paris. Je pense que ça a été une bonne idée pour être honnête, parce que j'avais un petit peu de mal au niveau confiance et un peu de doutes sur mon jeu."
En Suisse, le Serbe a décroché au passage son 100e titre en carrière. Plus qu'un symbole pour un joueur attaché aux records. Porte d'Auteuil, Novak Djokovic a donc de nouveau dans le viseur un 25e titre de Grand Chelem qu'il chasse jusqu'à l'obsession. "J'ai plusieurs motivations qui me font continuer. Je ne le cache pas. Je n'hésite pas à dire que j'essaie de marquer l'histoire", a souligné "Nole", glissant qu'entretenir la motivation ne "devenait pas plus facile".
"Du point de vue de la motivation, il faut creuser de plus en plus profond et s'entourer des bonnes personnes. Il y a des choses qui sont très répétitives."
Novak Djokovicen conférence de presse
"J'essaie de mélanger les choses, de faire plusieurs sports pour me maintenir en bon état de fraîcheur", a détaillé le joueur. Pour apporter un regard nouveau, il a par exemple recruté Andy Murray comme entraîneur fin novembre. Mais la collaboration a tourné court et s'est achevée mi-mai.
De son côté, Alexander Zverev a alterné le bon et le moins bon sur terre cette saison, surface sur laquelle il a décroché en carrière neuf de ses 24 titres. Il a perdu d'entrée à Monte-Carlo, avant de gagner à Munich et d'atteindre les quarts à Rome, mais s'est incliné dès le troisième match à Madrid et le deuxième à Hambourg. À l'image de sa carrière où il a très souvent été placé mais jamais titré en Grand Chelem.
Pour autant, l'Allemand assume son statut de prétendant à la victoire finale à Roland-Garros. "Carlos, bien sûr, est un des favoris et les trois suivants sont : Jannik, Novak et moi-même", a assuré le joueur avant le début du tournoi pointant la saison passée du numéro 2 mondial : "Je me rappelle que Carlos avait eu une mauvaise saison sur terre battue. Il a peut-être eu plus de difficulté sur les premiers tours ici, mais il a finalement trouvé son rythme et remporté le trophée. Je ne dis pas que c'est ce qui va m'arriver, mais j'espère que c'est ce qui m'arrivera."
Pour ce quart de finale, remake de celui de l'édition 2019 du Grand Chelem parisien où le Serbe s'était imposé (7-5, 6-2, 6-2), Alexander Zverev refuse de voir son adversaire comme un "outsider". "Il a gagné 24 Grands Chelems. Il est toujours prêt à jouer les grands matchs. Il ne sera jamais un outsider, a-t-il insisté. À l’époque, il était bien meilleur que moi, notamment au niveau Grand Chelem. On a joué beaucoup de rencontres depuis [2019]. On a eu des matchs serrés et j'ai eu des défaites cuisantes. C'est vraiment une rivalité qui remonte assez loin."
Leur dernière opposition date du dernier Open d'Australie. En demi-finales, le Serbe avait dû abandonner à l'issue du premier set (remporté 7-6 par l'Allemand), handicapé par une déchirure musculaire contractée lors de son marathon en quarts de finale. La seule victoire de l'Allemand sur le Serbe dans un Grand Chelem. La résistance physique de Novak Djokovic fait partie des interrogations majeures de la rencontre. "Il reste pas mal d'inconnues. On ne sait pas vraiment de quoi il est capable à l'heure actuelle, souligne Arnaud Clément, consultant pour franceinfo: sport. Sur les derniers tournois du Grand Chelem, on l'a vu arriver en demi-finales après des matchs difficiles avec un petit bobo. Dans les matchs importants, souvent contre les joueurs les plus forts, il arrivait avec moins de fraîcheur physique", rembobine-t-il.
Depuis le début du tournoi, seules des ampoules récalcitrantes au pied ont gêné le Serbe. En ne perdant aucun set au cours de ses quatre premiers matchs à Roland-Garros, Novak Djokovic a passé près de neuf heures trente sur les courts. Ce qui pourrait avoir son importance, comme le précise Arnaud Clément. "C'est important pour lui de gagner en se préservant physiquement contre Sasha Zverev, s'il veut envisager d'exister dans le dernier carré". Son adversaire, lui, les a foulés durant environ huit heures, puisqu'il a bénéficié de l'abandon de Tallon Griekspoor dans le deuxième set de leur huitième de finale. De quoi permettre une opposition équilibrée et garantir le spectacle pour le choc le plus attendu des quarts de finale. Avant de retrouver, potentiellement, un certain Jannik Sinner, n°1 mondial, en demi-finale.
Francetvinfo