Stade Français : relations avec les joueurs, management… Les dessous de l’éviction de Laurent Labit
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Laurent Labit, le directeur de rugby du Stade Français, a été écarté au profit du manager Paul Gustard afin d’engager l’opération sauvetage d’une équipe parisienne lanterne rouge du Top 14.
Par Olivier FrançoisCe n’est plus une alerte mais un sauve-qui-peut. Et partout, des regards perdus, des questionnements sans réponse. Les voix ne portent plus. Les messages ne passent plus. Alors on coupe des têtes. Ce lundi, c’est celle du directeur de rugby, Laurent Labit, qui a roulé sur le tapis. Celui qui devait permettre au Stade Français de franchir un cap à son arrivée en octobre 2023, fort de son expérience auprès du XV de France, reste au club, pour le moment, mais il est déchargé du domaine sportif…
L’ancien adjoint de Fabien Galthié n’a pas résisté à la onzième défaite de son équipe en dix-sept journées de Top 14 samedi à Toulon (24-6). Une formation désormais lanterne rouge du championnat et plus que jamais menacée de relégation en Pro D 2. Des réunions, impulsées par la direction générale, se sont enchaînées dimanche, avec le staff puis avec les joueurs. Ces derniers ont finalement pointé le manque de clarté du management, bredouillant qu’ils ne savaient plus trop s’ils devaient écouter Laurent Labit ou Paul Gustard, l’Anglais spécialiste de la défense nommé manager lors du limogeage le 30 septembre de Karim Ghezal, autre adjoint de Galthié arrivé avec Labit au lendemain de la Coupe du monde.

« Il était clair que Gustard voudrait avoir son mot à dire, confie un proche du club. C’était un véritable risque pour Labit de le faire monter mais c’est lui qui l’a décidé. » L’Anglais, à Paris depuis 2022, est reconnu pour avoir doté le Stade Français d’une défense de fer la saison dernière, qui lui a permis d’atteindre les demi-finales, éliminé d’un cheveu par Bordeaux-Bègles (22-20). Mais sa vision du jeu ne s’est pas accordée avec celle de Laurent Labit.
Cette discordance cependant n’est pas la seule raison du fiasco parisien. Loin de là. Le recrutement ne s’est pas révélé à la hauteur des espérances. Sur la pelouse, les joueurs n’ont pas montré grand-chose, confondant, pour certains d’entre eux, agressivité indispensable et mauvais gestes. Les défaites se sont enchaînées et la crise s’est installée. Dimanche, Hans-Peter Wild, le propriétaire et Thomas Lombard, le directeur général, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, ont entendu tout le monde. Ils ont tranché ce lundi. Une réunion avec les supporters, qui manifestent de plus en plus vertement leur mécontentement sur les réseaux sociaux a également été fixée au 5 mars.
Il s’agit de tenter d’éviter le naufrage et les leviers pour le faire ne sont pas nombreux. Le Stade Français ne s’attendait pas à jouer sa survie en Top 14 sur les 9 dernières rencontres. Il n’est pas façonné pour ça. Ses deux prochains matchs, les réceptions au stade Jean-Bouin de La Rochelle ce samedi puis de Bayonne le 22 mars diront au moins s’il a la moelle pour espérer se sortir de cette crise.
Le Parisien