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Top 14 : comment le Stade Français compte sauver sa place dans l’élite

Top 14 : comment le Stade Français compte sauver sa place dans l’élite

DÉCRYPTAGE - Le club parisien se déplace ce samedi chez un concurrent direct pour le maintien, Perpignan. À quatre journées de la fin de la saison régulière, les Soldats roses tentent de se relever et d’éviter le pire.

Ne pas céder au vertige, repousser à l’attraction du vide. Le Stade Français est assis au bord du gouffre à l’heure d’aller défier Perpignan, ce samedi à Aimé-Giral. Les deux équipes occupent la 13e place, un petit point devant la lanterne rouge, le promu Vannes. Une lutte à trois pour éviter de terminer dernier (relégation directe) ou avant-dernier (barrage sur le terrain du finaliste malheureux de Pro D2). Pour éviter le pire.

Des dirigeants aux supporters, en passant par le staff, la peur étreint. Quel serait l’avenir du club parisien s’il devait quitter l’élite pour la première fois depuis son retour au sommet, en 1997 ? Le propriétaire, l’homme d’affaires helvético-allemand Hans Peter Wild, continuera-t-il à maintenir l’équipe en respiration artificielle ? Depuis que le richissime patron de Capri-Sun a repris le Stade Français, en 2017, il assure avoir dû injecter près de 20 millions d’euros par an. Sans le moindre résultat. Les espoirs nés d’une demi-finale la saison dernière se sont fracassés au fil du long chemin de croix de celle en cours.

Les rumeurs font état d’un président lassé, mais aussi irrité. Par les bisbilles qui ont fait exploser le staff en cours de saison : Karim Ghezal puis Laurent Labit ont été remerciés, la barre étant confiée à l’Anglais Paul Gustard (qui rêverait de partir à Leicester en fin de saison…). Par des joueurs à la motivation à double vitesse dans un effectif partagé entre les historiques du club - qui ne «veulent pas faire partie de la première génération à faire descendre le Stade Français en Pro D2» -, et les pièces rapportées, qui touchent leurs salaires et attendent le verdict pour monnayer leur talent ailleurs (une quinzaine serait même en fin de contrat et la pépite Léo Barré aurait une clause départ dans le sien en cas de relégation). En résumé, il y a de la gîte à tous les niveaux, et le navire parisien, en pleine tempête, pourrait sombrer corps et âme.

Certes on n’a pas gagné à l’extérieur, mais ça ne veut pas dire que ça va être impossible. Ça sera une motivation pour nous de nous dire qu’on est capable d’aller chercher cette victoire à l’extérieur qui nous permettrait de sortir un peu la tête de l’eau

Sekou Macalou

Évidemment, face aux micros, tout le monde dit l’inverse. Enfin, ceux qui continuent à s’exprimer. Depuis quelques semaines, Julien Tastet, l’entraîneur des avants (en partance lui aussi), est le préposé pour le staff. Côté joueurs, ce sont les Titis Sekou Macalou et Lester Etien qui répètent en boucle que la prise de conscience est enfin survenue, que le déclic est pour bientôt, que la situation n’est pas si désespérée.

Elle l’est pourtant devenue. En alignant trois défaites consécutives (à Montpellier, face à Toulouse à domicile, chez le voisin du Racing 92), en concédant 114 points (38 de moyenne) lors de ces trois rencontres, en affichant toujours le même scénario (dans le match jusqu’à la pause, effondrement total au retour des vestiaires), les Parisiens inquiètent de plus en plus. Se bercent de grands mots – «révolte», «ADN du club», «impossible n’est pas Paris» - sans se payer d’actes.

Cette semaine encore, on a assisté aux mêmes élans, aux mêmes promesses, vaines jusqu’à maintenant. Le Stade Français est en effet la plus mauvaise équipe du Top 14 à l’extérieur : aucune victoire et un minuscule point de bonus défensif ramené de Bretagne… Sekou Macalou évacue la statistique. «La chance qu’on a dans ce sport, c’est que, chaque semaine, on peut se remettre en question. Certes on n’a pas gagné à l’extérieur, mais ça ne veut pas dire que ça va être impossible. Ça sera une motivation pour nous de nous dire qu’on est capable d’aller chercher cette victoire à l’extérieur qui nous permettrait de sortir un peu la tête de l’eau. On va s’accrocher sur ça : pour nous, rien n’est impossible…»

Lester Etien va dans la même direction, resserre le spectre. «J’ai l’impression que le mental est un peu notre problème depuis le début de saison. On a les joueurs pour, on a l’équipe pour, on a les infrastructures pour, mais c’est mentalement qu’on a un peu de mal. On sait qu’on peut aller gagner à Perpignan. Ce n’est qu’une question de mentalité», estime l’ailier. Mais justement, cette bonne mentalité, tous ses coéquipiers l’ont-elles ? «Elle a vraiment changé depuis deux semaines, jure le Cristolien au Stade Français depuis 2018. C’est notre rôle aux anciens que tout le monde se rende compte qu’on n’est pas loin de faire descendre le club et qu’il faut se bouger…» Même ceux qui s’apprêtent à quitter le club ? «Honnêtement, on ne discute pas de ça pour l’instant. On a tous des contrats différents mais on est tous dans le même bateau. Il reste un mois de compétition, on n’est pas sur l’après !»

En tout cas, le moral est assez atteint - «après la défaite contre le Racing, on a passé une semaine très compliquée, la tête en bas», avoue Macalou - et l’heure suffisamment grave pour pousser Matthieu Blin, ex-talonneur emblématique du club et désormais consultant en charge de la mêlée, à mobiliser le canal historique pour revigorer la troupe. «Pas mal d’anciens nous ont laissé des petits messages pour dire l’importance du club, pour nous rappeler à quelle place on était aujourd’hui et qu’il fallait changer totalement la mire. Mais que ce n’était pas surtout pas fini, s’empresse d’ajouter Lester Etien. Que, jusqu’au bout, il faut tout donner. C’est un peu l’ADN du Stade Français. Jusqu’à la dernière journée, ce n’est pas fini... Ça met une petite pression, mais une pression positive. On sait qu’on est suivi, supporté, et ça fait du bien.»

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Ce n’est pas fini, c’est vrai. À condition de renouer au plus vite avec la victoire. Si possible dès ce samedi chez un concurrent direct et dans une arène bouillante. Une véritable finale pour le maintien ? «Non, réplique l’ailier parisien. On n’en est pas encore là. Il reste trois matchs derrière, dont deux à la maison. Ce déplacement est hyper important mais ce n’est pas le match de la mort. La saison ne se termine pas samedi.» Même son de cloches chez Sekou Maclou. «Chaque match sera une finale. Donc on va s’accrocher jusqu’au bout et on verra», évacue le troisième-ligne. «Il en reste quatre, prolonge Julien Tastet. On ne peut pas uniquement se focaliser sur celui-ci. Dire si on le gagne, on est sauvé, si on le perd, la saison est finie, c’est faux. Il faudra prendre des points à chaque rencontre. Ce n’est que la première étape dans notre quête du maintien, face, il est vrai, à un concurrent direct.»

On s’est montré un peu plus exigeant sur certaines attitudes individuelles sur le terrain, dans les duels, dans les soutiens, mais en valorisant tout ce qu’on fait de bien

Julien Tastet

Quels ont été les leviers activés, depuis deux semaines, pour tenter de renouer avec le succès ? Le jeu, la stratégie ont-ils évolué ? «Si on fait la même chose, on aura les mêmes résultats. On a donc changé 2-3 choses à l’entraînement, pour trouver une autre dynamique. Mais on ne peut pas tout remettre en question à quatre matchs de la fin», résume Macalou. Le staff s’est d’ailleurs appliqué à ne pas désespérer Billancourt. «Avec une approche différente, de manière constructive.» Plus méthode Coué que reproches incessants. «On a eu une période d’échange pour comprendre les maux, explique Julien Tastet. On fait des choses bien mais on manque de constance. On a étudié en particulier la problématique de la mi-temps. Comment évoluer pour repartir sur le même niveau de performance après la pause, car c’est ce qui nous met en difficulté.»

Le tout en veillant à ne pas enfoncer un peu plus un groupe déjà atteint moralement. «On s’efforce de valoriser encore plus toutes nos actions positives, de leur donner de la confiance afin qu’ils expriment tout leur potentiel. On n’a pas pris le parti d’une séance vidéo d’une heure où on gueule, où on pointe les responsabilités des joueurs. Au contraire, on leur a montré que, quand on respecte les rôles, qu’on met de l’intensité, qu’on est propre techniquement, on parvient à mettre notre jeu en place et à être efficace. On s’est juste montré un peu plus exigeant sur certaines attitudes individuelles sur le terrain, dans les duels, dans les soutiens, mais en valorisant tout ce qu’on fait de bien…»

De la câlinothérapie pour espérer, enfin, ramener une victoire en déplacement. Tout en rappelant le passé agité d’un Stade Français retrouvant ses vertus au pied du mur, dans la révolte et un supplément d’âme quand la situation devient désespérée. Le fameux ADN du club aux éclairs. «J’espère que cette légende va continuer d’exister, grimace plus que ne sourit Sekou Macalou. On ne dit pas non à toutes ces petites croyances, on en a besoin… Mais on compte surtout sur le travail et les efforts qu’on doit faire pour ne rien lâcher et nous remettre à gagner.»

lefigaro

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