Tour de France : «On en a distribué 90.000», au cœur de la bataille des bobs dans la caravane avec Amaury

UN JOUR, UN MÉTIER - Tout au long du Tour de France, Le Figaro va à la rencontre de ceux qui font le Tour à l’ombre des coureurs.
Depuis 2023, il a sillonné la planète un sac à dos sur les épaules, récolté les noix de macadamia et planté du coton dans le désert australien sous 45 degrés pour gagner sa croûte, défié les Fidjiens sur leurs plages paradisiaques au rugby, rendu visite aux dragons de Komodo ou découvert la maison de Pablo Escobar en explorant les Amériques. Amaury, 25 ans ,a bouclé la boucle de son périple en décrochant un job d’été sur le Tour de France. Point final d’un voyage initiatique de près de deux ans.
Un CV et une lettre de motivation tardivement envoyés à moins d’un mois du départ. Un petit coup de pouce du destin avec un désistement de dernière minute et le voilà enrôlé dans la caravane publicitaire et son barnum géant et itinérant de 4500 personnes. Au milieu de cette chaîne aux mille métiers, une mission pour la marque Jules : distribuer des sacs de toiles et surtout des bobs, le cadeau que les gens s’arrachent, aux départs et aux arrivées des étapes. «Sur trois semaines, on en aura distribué 90.000», glisse-t-il la veille d’arriver à Paris.
Passer la publicitéSon outil de travail, un triporteur. Un engin rapide et maniable qu’il remplit à ras bord avant d’aller à la rencontre des foules massées derrière les rambardes. L’arme parfaite dans la guerre des bobs à laquelle se livrent les différentes marques en quête de visibilité devant les caméras de télévision. Car l’enseigne de prêt à porter subit la féroce concurrence des fameux couvre-chefs Cochonou, des chapeaux Krys, Leclerc ou encore le modèle très réussi de la Française des jeux qui a fait fureur cette année. Et dans la mêlée, tous les coups sont permis ou presque pour se démarquer. «Le but c’est de faire la meilleure animation, faire en sorte que le public fasse le plus de bruit possible et te regarde plus que les autres», explique l’ancien étudiant en commerce : «Il faut aussi se glisser au bon moment lors des distributions car si tu offres tes couvre-chefs trop tôt le matin ou l’après-midi dans l’aire de départ ou d’arrivée, il y a de bonnes chances que le concurrent juste derrière toi réussisse à placer plus efficacement ses bobs sur la tête des gens.» Le scenario catastrophe. «Le coup parfait c’est de faire en sorte que le public porte ton chapeau sous les caméras lors des étapes de sprint par exemple. Là, la journée est réussie», ajoute ce troisième ligne évoluant au club d’Annecy-le-Vieux.
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Ses meilleurs souvenirs de son Tour de France ? Le départ dans le décor enchanteur de la côte d’Émeraude à Saint-Malo la première semaine. «J’habite en Haute-Savoie mais je jouais un peu à domicile car j’ai passé toutes mes vacances dans le coin. Le panorama est vraiment exceptionnel au pied des remparts», avoue-t-il, particulièrement marqué par l’ambiance dans les étapes du Sud. «À Bédoin, au pied du Mont Ventoux, les gens étaient survoltés, comme à Carcassonne. Dans le public, il y a d’abord les enfants qui regardent les caravaniers comme le Père Noël, les yeux grands ouverts. Ensuite, les jeunes adultes qui ont plutôt un esprit deuxième degré. Ils crient s’ils ont des goodies mais s’ils n’en ont pas, ce n’est pas très grave. Et enfin, les personnes âgées qui veulent coûte que coûte les cadeaux. Chaque génération voit la caravane avec un œil qui lui est propre», détaille Amaury qui s’est aussi fait une peur bleue lorsque deux chevaux de trait ont fait irruption sur la route à Bagnères-de-Luchon, entre le groupe maillot jaune et le gruppetto. «J’avais fini ma distribution. J’étais habillé avec mes vêtements Jules et les gens m’ont pris pour quelqu’un de l’organisation en me demandant de faire quelque chose. Mais on n’arrête pas deux chevaux de plusieurs centaines de kilos comme ça ! Heureusement, la gendarmerie s’est rapidement interposée.»
Un instantané parmi d’autres dans l’album aux souvenirs de ce Tour de France au milieu de la caravane. 5000 kilomètres et 21 étapes tout au long desquels le jeune diplômé a redécouvert son pays après avoir couru le monde en quête de nouveauté : «Après le tour du monde, j’avais réalisé la chance que j’avais de vivre en France. J’ai pris une deuxième claque cet été. Dans quel pays peut-on faire cent kilomètres et changer autant de paysages, de gastronomie et de culture avec autant de variétés ? J’étais comme un gamin devant autant de différence et de richesses. J’en suis convaincu, on a vraiment le plus beau pays du monde.»
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