World Boxing rend obligatoires les tests de genre pour participer à ses compétitions
%3Aquality(70)%3Afocal(2969x1936%3A2979x1946)%2Fcloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com%2Fliberation%2FWYSC2ZLRCRBNTLWBDAS27BGBP4.jpg&w=1920&q=100)
Imane Khelif n’en a pas fini avec les obstacles qui enrayent sa carrière de boxeuse. La championne olympique, objet d’attaques sur son genre supposé lors des Jeux de Paris, doit désormais faire face à une nouvelle réglementation de World Boxing. La jeune fédération internationale, qui organisera le tournoi olympique de boxe aux JO 2028, a annoncé ce vendredi 30 mai que tous ses licenciés devraient subir un test PCR établissant son genre s’ils souhaitent participer à ses compétitions.
Dans son communiqué, la fédé cite directement la boxeuse algérienne de 26 ans, médaillée d’or aux JO 2024 et victime d’une campagne de cyberharcèlement émanant de milieux proches de l’extrême droite et à l’idéologie ouvertement transphobe, estimant que la sportive serait soit une personne trans, soit un homme. Parmi les porte-drapeaux de cette campagne nauséabonde : Donald Trump, Elon Musk ou l’autrice de Harry Potter J.K. Rowling. Ceci alors même que le Comité international olympique (CIO) avait assuré que l’athlète respectait les règles d’admissibilité et médicales.
Donnant le sentiment de céder face à des polémiques, World Boxing explique dans un communiqué avoir pris cette décision pour répondre aux «préoccupations concernant la sécurité et le bien-être de tous les boxeurs, y compris Imane Khelif». A l’avenir, donc, tous les athlètes de plus de 18 ans qui souhaitent participer à une compétition organisée ou sanctionnée par World Boxing devront subir un test génétique PCR afin de déterminer leur sexe à la naissance et leur éligibilité à concourir, ajoute l’instance. World Boxing ajoute avoir informé la Fédération algérienne de boxe que Khelif devrait se soumettre à un test de genre si elle souhaitait participer à la Box Cup d’Eindhoven, aux Pays-Bas, du 5 au 10 juin.
La politique de World Boxing en est à son «stade final de développement» et a été élaborée par un groupe de travail «qui a examiné des données et des preuves médicales provenant d’un large éventail de sources et a largement consulté d’autres sports et des experts à travers le monde», fait valoir l’instance, qui assure respecter «la dignité de tous les individus» tout en voulait prioriser «la sécurité et l’équité des compétitions pour tous les athlètes». Ce qui la conduit donc à ne vouloir organiser que «des compétitions que pour les athlètes classés comme hommes ou femmes». Et World Boxing d’exemplifier : «Les athlètes considérés comme de sexe féminin à la naissance, en présence de chromosomes XX ou en l’absence du gène SRY, ou en cas de DSD sans androgénisation masculine, seront éligibles à la catégorie féminine.» Ce qui exclut de fait les athlètes trans des catégories autres que celle de leur sexe de naissance.
Les fédérations nationales seront responsables des tests et devront confirmer le sexe de leurs athlètes lors de leur inscription aux compétitions en produisant une certification de leur sexe chromosomique, déterminé par un test PCR. Une technique de laboratoire utilisée pour détecter des spécificités génétiques, en l’occurrence le gène SRY, qui révèle la présence du chromosome Y, indicateur du sexe biologique. Le test peut être réalisé par un prélèvement nasal ou buccal, ou d’un échantillon de salive ou de sang.
Imane Khelif et la Taïwanaise Lin Yu-ting, également accusée à tort d’être une athlète transgenre, avaient été interdites de participer aux Mondiaux-2023 par la Fédération internationale de boxe (IBA), elle-même écartée par le CIO pour des raisons liées aux finances, à l’éthique et à la gouvernance de cette organisation présidée par le Russe Umar Kremlev. Aux JO de Paris, alors que la polémique était probablement à son pic, Imane Khelif s’était imposée en finale des -66 kg dans une salle acquise à sa cause. Une enquête avait ensuite été ouverte par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne pour «cyberharcèlement en raison du genre, injure publique en raison du genre, provocation publique à la discrimination et injure publique en raison de l’origine».
Libération