La street-food tunisienne fricasse la baraque

Années 2000, la vague musicale raï n’b fever (un mélange des styles musicaux raï et r’n’b) électrise une partie de la jeunesse française. Malgré le slogan «Maghreb united» qui en découle, Samir se souvient des railleries essuyées par les enfants d’immigrés tunisiens, à l’ombre de la rivalité Algérie-Maroc. En bas des tours de Créteil (Val-de-Marne), ce sont toujours les mêmes rengaines. Le Franco-Tunisien de 40 ans se remémore les moqueries : «Tout le bâtiment a la haine quand ta mère elle cuisine sa mloukhiya, on dirait du henné mélangé à du pétrole ! Cherchez pas les zients [verlan de Tunisiens ndlr], vous savez pas faire à manger.» Avec le recul, il commente : «C’était spécial à l’époque, on était moins nombreux. Les Algériens et les Marocains avaient leurs restaurants. Nous, moins. Ils faisaient des coalitions contre nous, on disait qu’on était la “Suisse du Maghreb”. Ils nous voyaient parfois comme des Italiens ratés. D’autres imaginaient que notre bouffe était forcément une copie des pays voisins.»
Depuis quelques années, le primeur observe avec soulagement et appétit l’essor de la street-food tunisienne en région parisienne. Les fricassés, mlawis, chapatis, kafteji sont en train de se faire un nom en France et rappellent que la cuisine tunisienne est au croisement d’un riche patrimoine culinaire mêlant influences berbères, turques, andalouses, juives, italiennes et françaises.
A deux pas du métro Blanche, dans le IXe arrondissem
Libération