Bordeaux : la location des résidences principales sur Airbnb limitée à 90 jours

La mairie de Bordeaux a fait le choix de mettre en place une nouvelle mesure anti-Airbnb qui va abaisser de trente nuitées la durée maximale de location meublée autorisée pour les résidences principales via la plateforme, passant de 120 à 90 jours.
Les propriétaires des Airbnb dans le collimateur de la ville de Bordeaux. Le nombre de nuitées maximales de location meublée pour les résidences principales va passer de 120 à 90 par an. La mairie s’appuie sur la loi « Le Meur », qui a été adoptée en Novembre 2024 et qui permet notamment de renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale. Après Paris, Lyon et Marseille, c’est au tour de Bordeaux de serrer la vis.
La délibération a été adoptée en conseil municipal ce mardi 8 juillet. «On a un phénomène de location meublée saisonnière type Airbnb assez prononcé à Bordeaux. Cela représente près de 4000 annonces au total avec un peu moins de 3000 qui sont des résidences principales. 120 jours, c’est quatre mois. Quatre mois sans habitant dans un quartier, ça a un impact assez fort sur le commerce et cela contribue à limiter l’attractivité des quartiers. Et puis surtout, on a énormément de contournements à cette règle des 120 jours... On a des gens qui déclarent leur logement en résidence principale alors qu’ils devraient le déclarer en résidence secondaire... Ils peuvent louer jusqu’à 120 jours et donc c’est hyper rentable. En descendant à 90 jours, on rend beaucoup moins lucratif et beaucoup moins rentable cet effet de contournement», explique Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, du service public de l’habitat et de l’économie sociale et solidaire.
Passer la publicitéThomas Cazenave, élu d’opposition du groupe Renouveau Bordeaux, s’est abstenu lors du vote et demande plus de clarté dans les chiffres. «C’est une loi que nous avons portée avec la majorité qui doit permettre aux villes qui sont très touchés par les logements touristiques de retrouver des logements pour celles et ceux qui y travaillent et y habitent. S’agissant de Bordeaux, j’ai beaucoup de questions sur cette disposition. Le vrai sujet sur lequel nous n’avons absolument aucune information, c’est de savoir si les 120 jours sont respectés. Avant de changer la règle à Bordeaux, j’aimerais être convaincu que la règle est bien respectée par les propriétaires qui font du Airbnb. Je pense qu’on met un peu la charrue avant les bœufs, j’aimerais que l’équipe municipale nous donne des chiffres sur les contrôles et les fraudes, et donc les raisons pour laquelle on abaisse le seuil à 90 jours», indique l’ancien ministre délégué chargé des Comptes publics.
De son côté, l’ancien candidat à l’élection présidentielle et membre du conseil municipal Philippe Poutou doute que la mesure soit réellement efficace et s’est lui aussi abstenu. «Même en réduisant le nombre de jours, on ne sait pas dans quelle mesure cette proposition pourra être efficace et améliorera vraiment la situation du logement. On ne peut pas d’un côté vanter le tourisme et à côté de ça constater les dégâts. Plus la ville sera touristique, plus il y aura une part importante de logements de ce type. Airbnb est un petit bout du problème global du logement», assure-t-il.
À Bordeaux, le nouveau plafond de 90 nuitées entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2026.
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