Discours de Bayrou sur le budget : des pistes sérieuses et d'autres écartées, ce qu'il va annoncer le 15 juillet

Faire 40 milliards d'euros et ramener le déficit à 4,6 % en 2026. François Bayrou a rappelé les objectifs de son gouvernement en matière de budget à quelques jours de la présentation de son plan de redressement des finances publiques et ses orientations budgétaires prévus le mardi 15 juillet, à 16 heures. "Le gouvernement va dire ce que sont les contraintes, les efforts nécessaires, les décisions à prendre pour qu'on se tire de ce piège mortel" qu'est le déficit, actuellement évalué à 5,8 % du produit intérieur brut, a déclaré le Premier ministre, jeudi 10 juillet, sur LCI.
François Bayrou a refusé de préciser les pistes envisagées et n'a rien laissé filtrer des annonces attendues mardi prochain. "Il faudra faire des efforts", s'est-il contenté de répondre. Même sur de possibles augmentations d'impôts, piste sérieuse pour récupérer les 40 milliards d'euros d'économie, le chef du gouvernement n'a pas donné de détails. Il a toutefois fois écarter l'idée d'une hausse généralisée au profit "d'efforts particuliers", "ici ou là". "Je veux que tout le monde participe" à l'effort d'économie a répété le Premier ministre précisant ne pas vouloir "qu'il y ait des catégories ciblées et d'autres qui ne le sont pas".
"Je ne crois pas que ce soit par l'impôt qu'on résout des problèmes", a insisté François Bayrou. S'il n'envisage "pas principalement" les hausses d'impôts, il a promis début juillet d'"abandonner des crédits en cours d'année" et de "fermer les robinets quand il le faut".
Le locataire de Matignon table sur un plan de quatre ans "pour revenir (...) à un certain équilibre des finances publiques" pour qu'on "touche le point où la dette n'augmente plus (...) on peut y arriver en 2029", assurait-il. Justement, mardi 2 juillet, la Cour des comptes publiait un rapport appelant à "reprendre le contrôle" des finances publiques. "Le report des efforts n'est plus possible, alors que la charge de la dette publique a déjà doublé entre 2020 et 2024", disait l'institution.
Hausse d'impôts et "cure d'austérité"Lundi 7 juillet, le directeur général de la banque publique d'investissement Bpifrance Nicolas Dufourcq estime qu'avec les prochaines annonces de François Bayrou, "la France va vivre sa première cure d'austérité pendant quelques années
". "On a passé notre temps à faire croire (aux Français) qu'ils étaient en crise", mais "on n'a jamais été en austérité budgétaire depuis 1983",
lance-t-il sur BFM Business. De son côté, le plus impopulaire Premier ministre de l'histoire de la Ve République ne devrait pas davantage entrer dans le cœur des Français, et particulièrement, des contribuables.
Au programme : une dose de hausse d'impôts pour les retraités, mélangée à quelques gouttes de fiscalité durcie contre les plus aisés et (peut-être) les entreprises, ainsi qu'une pointe de diminution d'avantage fiscaux pour les particuliers… Une recette au goût amer, difficile à avaler, mais qui devrait bel et bien être présentée et défendue. Dans le détail : le crédit d'impôt sur les services à domicile devrait être raboté, la fin de l'abattement fiscal de 10 % pour les retraités actée, un avantage moins important pour les entreprises sur leurs dons officialisé, un nouvel impôt à payer par les ultra-riches créé et une taxe sur les colis arrivant en France de moins de 150 euros instaurée.
Ce n'est pas tout, loin de là. Le locataire de Matignon pourrait évoquer une "réorganisation complète de l'État, localement, autour des préfets. Car le système actuel avec son éclatement d'institutions, d'administrations et d'agences indépendantes les unes des autres est très cher et inefficace. Personne ne s'y retrouve", confie-t-il au Parisien. Le but est toujours le même : faire un maximum d'économies. Le décret de 2004 qui fait du préfet le représentant de l'État dans les départements et fixe son champ d'action devrait être révisé.
"On va faire en sorte qu'il y ait un responsable, qui commande. Il faudra veiller encore plus à l'utilisation de l'argent public, pour qu'il soit utilisé à bon escient", poursuit le Béarnais. Il devrait bien annoncer des fusions et/ou suppressions de certains opérateurs publics, après la multiplication des directions régionales et des agences d'Etat ces dernières années. Une dynamique que François Bayrou entend donc bien enrayer. Il doit dessiner les premiers contours de sa réforme autour de l'organisation de l'État le mardi 8 juillet à Chartres (Eure-et-Loir).
Une année blanche ? L'idée qui ne fait pas l'unanimitéHabituellement, les pensions de retraite et certaines prestations sociales sont revalorisées chaque année sur la base de l'inflation. Le gouvernement, lui, envisage d'annoncer une année blanche pour réduire le déficit. Elle reviendrait à maintenir au niveau de 2025 certaines prestations sociales comme les allocations familiales et les minima sociaux, entre autres. Le but étant de freiner le dérapage budgétaire. Dans les faits, cela pourrait s'apparenter à un gel d'un an pour des barèmes de l'impôt, des pensions de retraites, du point d'indice des fonctionnaires ou encore des dotations allouées aux collectivités locales.
Dans une moindre mesure, François Bayrou pourrait annoncer une désindexation partielle. L'année blanche est "une piste sur la table", reconnaissait ce dimanche le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, sur France Inter, même si ce dernier considère cette stratégie comme un "one shot (...) ça ne résout pas durablement l'équilibre de nos finances", concède-t-il.
"Aujourd'hui, l'arbitrage sur le principe n'est pas encore pris", tente-t-on de tempérer au sein d'un cabinet du ministère de l'Economie. La "fourchette" d'économies "dépendra vraiment du périmètre choisi", si le Premier ministre venait à valider cette option d'année blanche, rapporte Sud Ouest. De son côté, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, s'était dite favorable à "une pause
" sur certaines dépenses publiques, sans hausse d'impôts "indifférenciée
", assumant donc une position différente de celle qui tente le Premier ministre : l'année blanche.
Attention, les décisions du Béarnais seront scrutées de près au sein de la relative majorité présidentielle, où la pression se fait déjà ressentir. Pour le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal, pas question que "le coût du travail" augmente, assurait-il dans Les Échos fin juin. Le président du groupe LR à l'Assemblée Laurent Wauquiez n'est pas en restes. Selon lui, l'année blanche qui trotte dans la tête de François Bayrou n'est qu'un "terme pudique pour dire année rouge fiscale", lançait-il depuis la chambre basse du Parlement, mercredi dernier pendant un point presse. Ce dernier assure qu'il "mettra la pression sur François Bayrou" pour éviter toute hausse d'impôt. Selon une estimation de l'Institut des politiques publiques (IPP), fin juin, une année blanche engendrerait un gain budgétaire de 5,7 milliards d'euros, bien loin des 40 milliards d'euros espérés au total.
L'Internaute