Évasion de Mohamed Amra: les enjeux d’une première audition à hauts risques

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DÉCRYPTAGE - La semaine prochaine, le narcotrafiquant va être extrait de sa cellule pour être entendu par la juge d’instruction. Pour la première fois, il va être interrogé sur son évasion comme sur le rôle de ses complices.
Extraction sous tension à venir dans l’Orne, la semaine prochaine. Mohamed Amra va être extrait de la prison de Condé-sur-Sarthe afin d’être entendu pour la première fois par la juge d’instruction chargée de l’enquête sur son évasion lors de l’attaque du péage d’Incarville le 14 mai 2024, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Le choix de réaliser son interrogatoire au tribunal de Paris plutôt qu’en visioconférence a été décrié par les syndicats pénitentiaires, tout comme le ministre de l’Intérieur, tant la question de la sécurité du narcotrafiquant est sensible. Sur le fond du dossier aussi, l’enjeu de ce premier interrogatoire est de taille : Mohamed Amra acceptera-t-il de briser la loi du silence ?
Lors de son placement à l’isolement au sein de cette prison de haute sécurité en février dernier, après neuf mois de cavale et son interpellation en Roumanie, les surveillants avaient prévenu qu’ils seraient attentifs à ce que l’administration prenne en compte la dangerosité élevée du détenu. «Dédier une unité du GIGN à chacune de ses sorties serait un véritable pillage des ressources de l’État», estimait alors auprès du Figaro Ahmed Saih, secrétaire délégué FO justice, plaidant pour que l’ensemble de ces actes soient réalisés par visioconférence. Cette option n’a finalement pas été retenue à la surprise du ministre de l’Intérieur, qui s’en est étonné sur RTL ce mercredi: «faire sortir des types aussi dangereux d’une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu’on entende soit que le juge se déplace, soit qu’il y ait une visioconférence.»
La réponse de l’avocat de Mohamed Amra Maître Lucas Montagnier, ne s’est pas fait attendre: «La défense tient à rappeler que cette mesure est décidée dans le strict respect de la législation en vigueur. Les magistrats professionnels en charge de l’information judiciaire ont estimé qu’il était nécessaire que l’interrogatoire de monsieur Amra se tienne en présentiel - décision que ses avocats ne peuvent qu’approuver. Les positions antagonistes exprimées par les ministres de la Justice et de l’Intérieur n’appellent aucun commentaire de notre part, dès lors que seuls les magistrats sont compétents pour déterminer les modalités d’un tel acte de procédure.»
D’un point de vue opérationnel, l’extraction va être réalisée, comme lors de son transfert en prison, par le GIGN. Cette unité d’élite de la gendarmerie est habituée aux convois de détenus ultrasensibles. C’est notamment elle qui a transporté Salah Abdeslam durant les neuf mois du procès des attentats du 13-Novembre. Une source proche du dossier indique au Figaro que l’unité a d’ores et déjà effectué une phase de reconnaissance et de planification sur les quelque 200 kilomètres de trajet. Selon nos informations, le convoi opérera des variations d’itinéraire, mais aussi des techniques de ralenti et d’accéléré afin d’être le plus imprévisible possible. L’escorte sera accompagnée de postes de surveillance tout au long de la route. Des moyens aériens…
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