Que cache la gifle d’Emmanuel Macron ? Un expert du langage corporel l’analyse pour nous

Difficile de passer à côté, puisque le visage d’Emmanuel Macron n’y a lui-même pas échappé : un geste de son épouse porté à son visage, pile au moment où l’avion présidentiel ouvre ses portes sur Hanoï, au Vietnam, ce dimanche 25 mai. L’image est parlante, et, de fait, fait jaser : “gifle” pour les uns, “chamaillerie” pour d’autres, et même “geste de complicité” pour les plus créatifs… Toute la sphère médiatique et les réseaux sociaux y sont allés de leur petit commentaire. Et si cette vidéo n’était pas celle qu’il fallait analyser ? Pour bien comprendre, nous nous sommes entretenus avec Stephen Bunard, synergologue (analyste du langage corporel) et auteur de “Vos gestes disent tout haut ce que vous pensez tout bas” (So Book, 2018).
Alors, chamaillerie ou gifle ?Pour l’expert, ni l’un ni l’autre. “Il faut plutôt s’attarder à l’endroit où le geste est effectué : la bouche. Il n’est pas commun de repousser quelqu’un sur la bouche, des deux mains. On voit les deux mains de Brigitte Macron masquer la bouche du président, comme si elle lui intimait l’ordre de se taire.” Au-delà des questions de gifle ou chamaillerie, il s’agirait donc plutôt d’une réponse à une phrase potentiellement déplaisante. Après ce fameux geste, Emmanuel Macron fait coucou, un geste de contenance, selon le synergologue. Suite à quoi, il sourit. “Le sourire est le meilleur masque émotionnel. Il se tient, c'est un geste de préhension. Il est sonné. Est-ce la violence du coup ? Ou est-ce parce qu’il réalise que la scène a potentiellement été visible par tous ?” s’interroge Stephen Bunard. Enfin, Brigitte Macron descend de l’avion en refusant de lui prendre le bras, ce qui témoigne qu’il ne s’agit bien pas d’une simple chamaillerie ou d’un moment de complicité.
Langage corporel d’Emmanuel Macron : la peur de ne pas être convaincantPour Stephen Bunard, il est surtout intéressant de s’attarder sur une autre vidéo : les explications données par Emmanuel Macron aux médias. C’est ici que le langage corporel du politique serait d’autant plus éloquent. En effet, cette allocution est ponctuée de rictus vers le bas, que l’expert en “body language” interprète comme une peur de perdre le contrôle. Le synergologue note également quelques moments où le politique aspire entre ses dents, signe d’une certaine panique, puisque cette mimique conclut notamment sa phrase “On fait dire à une vidéo beaucoup de bêtises”. “Après sa première explication, on remarque qu’il est satisfait de lui, il sort même sa langue. C’est une langue de délectation !”
Les sourcils levés : un langage corporel fortMais très vite, après une nouvelle question des journalistes, le politique déchante de nouveau, et écarquille les sourcils. “On lève les sourcils pour attirer l’attention de quelqu’un sur quelque chose, mu par la peur de ne pas être assez convaincant. Il charge inconsciemment la mule pour qu'on le croie.” Ici, le président montre malgré lui sa peur de perdre le contrôle, il veut qu’on croit à sa thèse. “Dans cette intervention, il entoure son potentiel mensonge (le fait qu’il s’agisse d’une simple chamaillerie), d’éléments raisonnablement crédibles. Il dilue habilement son mensonge dans d’autres vérités. Son objectif est clair : survendre la thèse de la plaisanterie complice.”
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