«Raisons politiques», «terrible gâchis»... à Nantes, l’annulation des Jeux de Bretagne irrite les organisateurs

Le festival culturel et sportif nantais a été contraint d’annuler sa quatrième édition, censée ouvrir ses portes le 20 juin. La faute aux travaux en centre-ville et à un dialogue de sourds avec la mairie.
Cette fois, il n’y aura pas même de ligne de départ. Attendue à Nantes (Loire-Atlantique), à partir du 20 juin, la 4e édition des Jeux de Bretagne n’étendra pas cette année son esprit bon enfant sur la cité des ducs. La manifestation sportive et culturelle cousue autour de la célébration de l’identité et des pratiques traditionnelles bretonnes a été annulée, près d’un mois avant son ouverture, faute de lieu disponible dans le centre de l’agglomération nantaise. Un faux bond de la mairie qui interroge les organisateurs.
Partenaire de l’événement gratuit, la municipalité avait laissé les Jeux de Bretagne prendre place au pied du château des ducs - un site aujourd’hui en travaux. Par anticipation, le comité d’organisation avait ainsi demandé dès le 4 novembre à installer son édition 2025 sur le site Feydeau-Neptune, situé à deux pas du château. Le début d’un pénible «parcours du combattant».
D’abord confronté au mutisme des services techniques de la ville, le comité d’organisation des Jeux est parvenu, en janvier, à entamer un dialogue au sujet des «contraintes techniques et de sécurité des personnes» posées par la municipalité pour une éventuelle installation à Feydeau. Le comité répond à chacun des points soulevés et assure recevoir un accusé de réception positif de la mairie, le 23 mai… avant de se voir signifier un refus définitif trois jours plus tard. Un site de repli, situé plus à l’ouest, sur le secteur de Gloriette-Petite Hollande, est quant à lui également refusé, le 27 mai, au comité d’organisation, au motif… de s’y être pris trop tard.
«Ce veto exercé par le cabinet de la Maire ne semble pas motivé par des raisons techniques mais par des raisons politiques», a déploré dans un communiqué le comité d’organisation des Jeux de Bretagne, en indiquant que l’annulation in extremis de la manifestation a provoqué «des soucis de santé et un terrible sentiment de gâchis» au sein de son équipe. «On nous demandait des barrières, nous les avions ; un gardiennage de nuit, c’était prévu ; ou encore de ne pas détériorer la pelouse, ce qui n’était évidemment pas au programme», énumère au Figaro Stéphane Briand, président du comité d’organisation. Dépité, il dénonce un deux poids deux mesures de la mairie socialiste de Nantes. «Le site n’a rien d’incompatible avec une grande manifestation publique, puisqu’il était utilisé l’an passé pour le village olympique, la Ruée vers le sport et le marché de Noël», remarque-t-il. Amer mais pas abattu, Stéphane Briand entend cependant tout faire pour assurer le retour des Jeux à Nantes, dès 2026.
Sollicitée par Le Figaro, la mairie de Nantes réitère sa position, en assurant qu’elle était prête à accueillir les Jeux sur le site Gloriette. «Si les organisateurs avaient accepté plus tôt, ça aurait été possible», indique une porte-parole de la ville. L’incompatibilité du site de Feydeau avec la manifestation aurait, par ailleurs, été «plusieurs fois expliquée aux organisateurs», ajoute la collectivité, qui précise rester à leur disposition pour préparer une prochaine édition.
Organisés à trois reprises à Nantes, les Jeux de Bretagne rassemblaient des équipes et des clubs des cinq départements bretons, venues se mesurer les uns aux autres sur une large palette de disciplines sportives. Celles-ci incluaient aussi bien des pratiques classiques - tir à la corde, lancer de poids, train urbain - que quelques spécialités du terroir, comme le lancer de bottes de paille, la lutte bretonne ou encore le football gaélique. Chaque édition se doublait d’animations culturelles et d’initiations, à destination des plus jeunes. Enfin, période de la fête de la musique oblige, des concerts en plein air animaient la soirée.
lefigaro