"C’est Bayrou qui l’a maintenu sur la feuille de match": cet ancien député du Var va devenir ambassadeur au Soudan du Sud

Intégrer le Quai d’Orsay? Philippe Michel-Kleisbauer en rêvait! Le 15 juillet, sa nomination comme "ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République du Soudan du Sud" a été officialisée, via un décret publié au Journal officiel, deux jours plus tard. L’ex-député MoDem du Var, qui a siégé à l’Assemblée nationale de 2017 à 2022, posera ses valises diplomatiques le 2 septembre à Djouba, capitale de ce pays d’Afrique centrale qui a acquis son indépendance à la suite d’un référendum en 2011. Pour Philippe Michel-Kleisbauer, c’est aussi le résultat d’un long parcours du combattant. "Il a gravi la face nord du Quai d’Orsay", résume un de ses proches.
Fin juin, l’information de la promotion de PMK, poussé par le Premier ministre François Bayrou qu’il a soutenu dès la présidentielle de 2007 au détriment de Nicolas Sarkozy, avait fuité dans Le Canard Enchaîné. "C’est Bayrou qui l’a maintenu sur la feuille de match", nous confirme-t-on. Encore fallait-il obtenir l’agrément des autorités du Soudan du Sud. C’est donc fait. "Jusqu’au dernier moment, tout pouvait encore changer. Il y a déjà eu des refus", glisse l’entourage de l’ancien parlementaire. Ce dernier, désormais tenu à un devoir de réserve, était en lice dès février. Lui avait fait savoir qu’il voulait partir immédiatement, notamment auprès du conseil Afrique du président de la République.
Entre maladies et menace de guerre civileAvant ça, Philippe Michel-Kleisbauer, qui a notamment tissé son réseau international comme chef de la délégation Française auprès de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, a dû montrer patte blanche auprès de la direction générale des Relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Pour ensuite passer un grand oral à l’automne devant la commission nationale d’aptitude pour les chefs de poste diplomatique devant des généraux, des anciens diplomates et un représentant de Matignon. Ses cibles, pour avoir plus de chances? L’ambassade d’Érythrée, de Guinée-Bissau et du Soudan du Sud, parmi les plus difficiles et les moins demandées.
Avant son grand départ le 1er septembre pour une prise de poste le lendemain, l’ancien assistant parlementaire de François Léotard – ainsi que son épouse– devra passer par la case tests médicaux et vaccination. Le risque, pendant ses trois ans sur place? La malaria, le choléra et le virus Ebola. Sans parler des tensions, alors que beaucoup redoutent une guerre civile après une poussée de fièvre au printemps, liée aux richesses du sous-sol: pétrole et terres rares.
La France étant hors du jeu sur ce terrain-là, le défi sera surtout humanitaire pour Philippe Michel-Kleisbauer, qui multiplie les échanges avec des chercheurs et des ONG pour préparer au mieux sa mission. Au fil des premières semaines, celui qui succédera à Christian Bader a prévu un travail de terrain avec son équipe de neuf personnes pour comprendre pourquoi il y a des zones de famine au Soudan du Sud, alors même que le pays dispose d’un potentiel agricole conséquent. "Les invectives à l’Assemblée nationale, ce n’était pas son truc, ajoute un proche. Le voilà reboosté à bloc."
Var-Matin