"Ce n'est pas qu'il n'a pas confiance, mais il préfère regarder" : pourquoi Emmanuel Macron a repris la main sur le dossier de l'"entrisme" islamiste

Le président a annoncé lundi la création de nouveaux outils de sanctions financières et administratives pour mieux lutter contre l'"entrisme" islamiste à l'issue d'un Conseil de défense et de sécurité nationale.
Une (nouvelle) loi sur l'entrisme islamiste attendue "avant la fin de l'année". Emmanuel Macron l'a annoncé, lundi 7 juillet, lors d'un entretien à plusieurs médias, dont franceinfo, après avoir présidé un deuxième Conseil de défense et de sécurité nationale à l'Elysée, consacré donc à l'"entrisme" notamment des Frères musulmans après la publication d'un rapport à la fin du mois de mai.
Emmanuel Macron demande d'abord un texte applicable dès la fin de l'année et donc prêt dès la fin de l'été en complément de la fameuse loi "séparatisme" de 2021, la loi "confortant les principes de la République". Tout un arsenal de mesures visant à contrer la menace, que, selon le gouvernement, les Frères musulmans font peser sur la cohésion nationale avec - dans le détail - la possibilité de dissoudre les fonds de dotation, qui les financent, la saisie autorisée des biens des associations qui agissent pour leur compte, un meilleur contrôle aussi, avec des amendes à la clé pour les associations qui ne respectent pas le contrat d'engagement républicain signé pour toucher des subventions...
"On veut sensibiliser l'opinion publique", affirme à franceinfo Emmanuel Macron, dans la perspective des élections municipales de 2026, avec un appel à la vigilance auprès des préfets et du ministère de l'Intérieur qui pourront croiser leurs fichiers. Même si le code électoral empêche l'État d'interdire une candidature communautaire, par exemple. Enfin, le président annonce qu'il réunira les représentants de l'islam de France à l'automne, assurant prôner un "discours d'apaisement".
Ces mesures témoignent aussi d'une reprise en main par le Président de ce dossier symbolique. Un dossier qui l'avait agacé, le 21 mai, lors d'un premier Conseil de défense. Emmanuel Macron fustige des mesures qui ne sont pas assez efficaces. Il somme le gouvernement et singulièrement au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau de revoir leur copie. Un recadrage qui ne dit pas son nom mais qui à entendre le chef de l'Etat a porté ses fruits. "J'ai félicité le gouvernement, ce que j'ai demandé a été creusé", affirme-t-il à franceinfo.
C'est lui, en personne, qui a décroché son téléphone et assuré la communication auprès des journalistes après la réunion pour assurer le service après-vente des décisions. Un signe d'une reprise en main, mais plus encore d'un retour aux affaires, à moins de deux ans de la fin de son mandat. "Ce n'est pas qu'il n'a pas confiance mais il préfère regarder", s'amuse un vieil ami "comme à l'auto-école, le moniteur a les doubles pédales".
En marge d'un déplacement à Roquefort jeudi, Emmanuel Macron avait invité le Premier ministre à mieux discipliner la parole au sein du gouvernement. Il a raillé samedi les ambitions des uns et des autres pour 2027, appelant devant les Jeunes avec Macron à l'unité de son camp avant de dire combien il comptait sur ses supporters pour "dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans !" Loin de l'image du président au-dessus de la mêlée qu'il cultivait depuis un an et la dissolution. Ce pouvoir de dissoudre qu'il a retrouvé cette nuit et avec lui, une impression de toute-puissance.
Francetvinfo