"Il faut aider l’Afrique, l’espoir de demain": une conférence du Père Pedro ce mardi à Antibes

"Il faut aider l’Afrique, sa jeunesse est l’espoir de demain." Son ton résolu ne laisse place à aucun doute. À près de 77 ans, Pedro Pablo Opeka – dit Père Pedro – poursuit avec ferveur le combat qu’il a engagé voilà trente-six ans à Madagascar.

Missionné au sud-est de l’île en 1970 comme maçon dans une paroisse, il est ordonné prêtre cinq ans plus tard.

La découverte des monstrueuses décharges d’Antananarivo, la capitale, agira comme un électrochoc: il lui devient alors impensable d’abandonner les habitants délaissés au milieu de ces montagnes d’immondices.

En 1989, le Père Pedro décide de donner naissance à l’association Akamasoa ("Les bons amis" en malgache), pour lutter contre l’extrême pauvreté qui ravage un pays en proie à de profondes difficultés économiques.

"Depuis lors, nous travaillons sans relâche sur le terrain, confie-t-il. Rares sont les associations qui ont tenu aussi longtemps ici. Mais nous, nous sommes toujours là."

Construire la "Maison 06"

Deux fois par an, en juin et novembre, le prêtre lazariste (1) parcourt la France: "Témoigner des actions menées grâce à Akamasoa et trouver des financements sont les principales raisons de ces voyages." Après une halte en Belgique, il fera escale ce mardi 24 juin à Antibes puis à Monaco dans un cadre privé. Une conférence en accès libre se déroulera à 19h30 aux espaces du Fort-Carré (avenue du 11-Novembre). Suivie d’une séance de questions-réponses, des dédicaces de ses ouvrages ainsi qu’un verre de l’amitié.

"Une campagne de dons est aussi en cours sur la plateforme en ligne HelloAsso (2), indique Grégory Rung, biographe et ami du prêtre. Si nous parvenons à réunir 7.000 euros, une maison destinée à huit personnes pourra être construite à Madagascar. Elle portera le nom de “Maison 06"."

De quoi prolonger le titanesque travail humanitaire mené par les membres d’Akamasoa et les Malgaches eux-mêmes.

Grâce à leurs efforts, selon les derniers rapports, déjà 30 000 résidents permanents ont été logés dans dix-huit villages bâtis. Soit plus de 4.000 logements solides, dont soixante écoles, lycées et dispensaires.

"Nos établissements scolaires sont en déficit, car nous refusons de faire payer l’éducation aux familles. Tous ces services, y compris ceux liés à la santé, coûtent très cher", souligne le Père Pedro, qui comptabilise désormais 21 000 enfants scolarisés et 3 800 emplois créés.

Le jeu en vaut la chandelle: "Les gens sont époustouflés par l’ampleur du travail accompli sur l’île. Je me souviens d’un touriste français qui n’en croyait pas ses yeux, ignorant tout de ce que nous réalisons."

Une influence mondiale

Aux yeux de la communauté internationale, le Père Pedro incarne une sorte de "Mère Teresa" au masculin. Il a été proposé au Prix Nobel de la paix en 2012 et en 2021, sans toutefois l’obtenir. Mais son aura demeure intacte. "En avril dernier, le président de la République française, Emmanuel Macron, est venu en personne lui remettre les insignes de la Légion d’honneur", rappelle Grégory Rung.

Sur le plan financier, celui qu’on surnomme aussi "le prêtre des décharges" a su tisser un vaste réseau de mécènes et de philanthropes à travers le monde.

"Il bénéficie de soutiens un peu partout, notamment de la part du prince Albert II de Monaco, qu’il connaît depuis plus de vingt ans", poursuit le biographe, qui tient aussi à mettre en lumière les sources de revenus locales: "L’immense carrière de pierres située près d’Antananarivo génère des revenus pour les Malgaches."

Une incroyable aventure humaine sur laquelle reviendra Pedro Pablo Opeka devant les Azuréens.

"Je suis sûr que Léon XIV deviendra un grand pape"

Longtemps ami du pape François, lui aussi argentin, le Père Pedro voit en Léon XIV un successeur "de la même trempe": "Il a appris à aimer au Pérou, là où ceux qui n’ont rien, donnent tout. Je suis sûr que ce pape-là deviendra un grand pape, par son humilité, son courage et sa proximité avec la vie réelle."

Le visage assombri, il évoque aussi les guerres: "Toutes des aberrations, qu’elles soient en Ukraine, à Gaza, désormais entre l’Iran et Israël, au Soudan, au Myanmar, en Haïti, etc. C’est une honte, un échec de l’humanité. Nous, qui nous disons si civilisés, qui prétendons progresser… Et bien, la violence et la haine sont toujours là. Or, on ne peut construire un monde meilleur qu’avec l’amour, le partage et la fraternité."

1. Désigne la congrégation de la Mission, fondée par saint Vincent de Paul en 1625 en France.

3. Pour aider, rendez-vous sur le site HelloAsso: urlr.me/U63Gv5.