"On sait que Rachida Dati pense à Paris pour les municipales 2026": Cannes craint de ne jamais voir son projet de Musée international du cinéma

Cannes hors champ pour le futur Musée international du cinéma? C’est ce scénario du pire que redoute désormais David Lisnard concernant ce projet qui doit certifier la cité des festivals comme capitale mondiale du 7e art. Car cela fait des années que sur un souhait déjà émis par l’ancien maire Bernard Brochand, Cannes aspire à l’implantation d’un "temple muséal" du cinéma.
Sur un terrain de 16.000m2 (qui reste à définir, alors que trois sites sont pressentis, notamment à l’ouest de la commune à proximité du Cineum), l’édifice (de 5.200m2) comprendrait quatre modules.
L’un sera consacré évidemment au Festival international du film. Deux autres modules prévoient un espace interactif d’apprentissage aux métiers du 7e art destiné aux enfants (sur 600m2), et un "labfab" voué au développement du numérique et des nouvelles technologies.
Mais le plus gros morceau du projet (pour pas dire le clou du spectacle), c’est ce Musée international du cinéma qui entend rivaliser avec Los Angeles, sur 5.200m2 d’exposition (avec égalemnt une salle de projection et un auditorium). Or c’est là que le bât blesse. Car un "twist" digne d’un film catastrophe a fait naître les plus vives inquiétudes parmi les élus cannois. En octobre 2024 lors du Festival Lumière de Lyon (qui fait la part belle au patrimoine classique), la ministre de la Culture, Rachida Dati a répondu à une tribune du Monde où le conseil d’administration de la Cinémathèque française (présidé par le cinéaste Costa-Gavras) réclamait la création d’un tel Musée. Si la locataire de la rue de Valois s’est déclarée favorable à "engager une vraie réflexion sur la faisabilité de ce projet ", elle n’a jamais prononcé le mot "Cannes" pour ville de destination.
Clap de fin ministériel sur les ambitions cannoises?Il n’en fallait pas plus pour que la Croisette s’affole. D’autant plus que la ministre de la Culture n’a depuis accordé aucun entretien sur le sujet à David Lisnard. Même pas lors de sa visite au Festival du Film en mai dernier. Pour l’adjoint à la culture Jean-Michel Arnaud, tout cela n’a rien d’anodin. Ni d’une omission involontaire.
"On sait que Rachida Dati pense à Paris pour les municipales 2026, alors annoncer des projets de ce type pour la capitale servirait sa campagne", décrypte l’élu cannois, pour qui la pilule serait d’autant plus difficile à avaler que "depuis 2020, on travaille sur ce Musée du cinéma en étroite collaboration avec la Cinémathèque et le CNC (Centre national du cinéma) qui dépendent du ministère de la culture. Or nous avons déjà mis au point son contenu. Tout remettre à plat pour l’implanter ailleurs serait complètement aberrant et dispendieux, au regard de l’argent public qui a déjà été dépensé."
Le coût global de ce temple mémoriel est estimé à 200 millions d’euros, dont 80 millions d’euros seront dévolus au Musée du Festival du film (financé de moitié par la Ville, par moitié par du mécénat).
"Pour le Musée international du cinéma, véritable odyssée du 7e art depuis sa création par les frères Lumière, on espère obtenir le label Musée national afin qu’il soit intégralement pris en, charge par l’État", ajoute Jean-Michel Arnaud.
Reste à connaître les intentions réelles de Rachida Dati. Contacté, son cabinet n’a pas encore donné suite à notre demande.
Le Musée du Festival du film, lui, se fera bien à Cannes!En mai dernier lors de la 78e édition du Festival du film, son délégué général Thierry Frémaux et le maire de Cannes David Lisnard ont publiquement confirmé la réalisation d’un espace de 1.000m2 qui comprendra une exposition permanente sur l’évolution de l’événement depuis sa création jusqu’à nos jours, via une scénographie grand public, des archives, des objets, costumes, et autres témoignages. Des expositions temporaires mettront également en lumière des cinéastes et leurs œuvres. L’idée étant d’ "en faire un lieu qui fait vivre le Festival du film toute l’année à Cannes", a précisé Thierry Frémaux.
Le concours d’architecte sera lancé en mai prochain. La première pierre pourrait être posée en 2027 pour les 80 ans du FIF, avant une ouverture en 2030. Une façon de tenir toujours le haut de l’affiche. Avec ou sans le Musée international du cinéma...
Var-Matin