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"On veut plus de sécurité dans le parcours professionnel": malgré l'adoption de la loi pour les soutenir, les maires des communes rurales du Var témoignent de leurs difficultés

"On veut plus de sécurité dans le parcours professionnel": malgré l'adoption de la loi pour les soutenir, les maires des communes rurales du Var témoignent de leurs difficultés

Philippe Zamari Publié le 11/07/2025 à 13:00, mis à jour le 11/07/2025 à 13:04

Selon Jean-Pierre Véran, maire de Cotignac, "il n'y a pas spécialement de crise des vocations de maires” Photo DR

Maire de Cotignac depuis 1990, et président de l’association des maires du Var, Jean-Pierre Véran le: "Ce fameux statut de l’élu local, on le demande depuis 35 ans! Le but n’est pas forcément d’obtenir plus d’indemnités, même si c’est un argument utile, mais surtout d’offrir plus de sécurité dans le parcours professionnel de personnes qui s’engagent sur un mandat de maire. Pour ma part je suis retraité, donc cela ne pose pas de problème, mais pour les actifs, c’est très différent! En termes d’indemnités, j’ai fait le choix d’en partager une partie avec mes collègues du conseil municipal, de fait il me reste entre 1.000 et 1.500 euros par mois, ce n’est pas beaucoup vu la somme de travail que cela représente… Maire d’une petite ville, on n’a pas de directeur de cabinet, pas de voiture de fonction, etc. Même s’il y a toujours quelques fadas, les maires sont dans leur immense majorité des personnes responsables et peu dépensières des deniers publics."

"Par ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait spécialement de crise des vocations de maires: c’est un mandat passionnant, certes difficile, mais très demandé, et vous verrez que la majorité des maires sortants se présenteront aux prochaines municipales. Le prochain mandat sera particulièrement dur d’ailleurs, avec de gros efforts budgétaires en vue à tous les niveaux…"

"S’il fallait une réforme importante des collectivités, pour faire des économies, et du fameux "mille-feuille", je pense que les intercommunalités, auxquelles j’étais pourtant très favorable il y a quelques années, ne sont pas aussi efficientes qu’attendu. Les fusions et regroupements ne supposent pas toujours des économies, parfois même au contraire. Et en matière de gestion des déchets, ou de l’eau et l’assainissement par exemple, les résultats ne sont pas meilleurs avec une gestion agglo, par rapport à une gestion municipale. Et puis les citoyens attendent ça: un échelon de proximité, des élus accessibles et que l’on connaît, qui soient un peu les gardiens du vivre ensemble, on voit aujourd’hui à quel point c’est important! J’ai aujourd’hui un certain âge, une longue expérience, et j’en conclus qu’il est temps de cesser de dépouiller les compétences des communes et de redonner du pouvoir aux maires!"

Thierry Bongiorno, maire de Gonfaron: "Si certains trouvent les maires trop payés, qu’ils se présentent!"

Thierry Bongiorno, maire de Gonfaron depuis 2014: "S’il s’en trouve encore qui pensent qu’on devient maire par appât du gain, je les invite à se présenter aux prochaines élections et à constater par eux-mêmes la réalité! Être maire d’une commune comme Gonfaron, 4.500 habitants, c’est un engagement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. C’est un engagement républicain fort, on doit faire face à la gestion du quotidien comme aux situations de crises, il faut de la passion…" "Surtout dans les communes rurales: moins une commune est peuplée, moins le maire bénéficie de fonctionnaires territoriaux, d’adjoints en nombre, etc. Et si on n’est pas élus pour toucher les indemnités, il ne faudrait pas que celles-ci soient si basses qu’elles dissuadent d’éventuelles vocations. Responsable d’une très petite entreprise, j’ai évidemment dû réduire fortement mon activité professionnelle lorsque je suis devenu maire, et cela a une incidence financière. En tant que maire de Gonfaron, je touche 1.645 euros par mois d’indemnités, auxquels s’ajoutent environ 660 euros en tant que vice-président de la communauté de communes Cœur du Var. Si je fais le ratio par rapport au nombre d’heures que je consacre à ces deux fonctions, on est loin en dessous du Smic… Donc augmenter les indemnités des élus, et mieux encore créer un véritable statut de l’élu local, c’est une bonne chose, et on peut y voir une forme de reconnaissance de l’État par rapport à notre travail quotidien, au plus près des citoyens."

André Guiol, sénateur du Var et ancien maire de Néoules: "Dans le bon sens, mais pas déterminant dans le choix d’une femme ou d’un homme"
André Guiol Photo Hélène Dos Santos.

André Guiol, sénateur du Var, ancien maire de Néoules (de 1995 à 2020): "C’est une bonne chose d’augmenter les indemnités des élus d’environ 10%, d’y ajouter des facilités pour leurs employeurs, même si ça restera toujours un sujet compliqué, et surtout d’y adosser un système de protection face à des difficultés juridiques que redoutent beaucoup les élus locaux… Ce n’est pas non plus le grand soir, mais en la matière, je ne suis pas sûr que cela soit possible."

"Cette réforme va dans le bon sens, mais je pense toutefois qu’elle n’est pas de nature à être déterminante dans le choix d’un homme ou d’une femme de briguer un mandat politique, qui est souvent guidé par la passion pour un territoire, pour la chose publique, pour l’intérêt général… Être maire de Néoules rapporte environ 2 000 euros brut, ce n’est pas énorme vu le travail et les responsabilités que cela implique."

"À titre personnel, j’ai eu la chance de devenir maire jeune, à 40 ans, âge où j’avais encore la capacité de consacrer beaucoup, beaucoup d’heures à mon mandat, et j’ai pu mesurer que ces capacités baissaient, logiquement, passé la cinquantaine."

Var-Matin

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