À La Seyne, Jo Minniti succède à Nathalie Bicais: immersion au cœur de l’élection du nouveau maire

Au terme d’une élection à suspense, qui aura nécessité trois tours de scrutin, Jo Minniti a été élu hier après-midi par le conseil municipal pour succéder à Nathalie Bicais.
Mais il ne doit sa victoire qu’à… son âge, 82 ans, car il a recueilli exactement le même nombre de voix (23) que son adversaire, l’ex-premier adjoint Jean-Pierre Colin passé dans l’opposition en 2022.
La loi prévoit en effet qu’en cas d’égalité, c’est le plus âgé des candidats qui l’emporte.
Ce scrutin sous tension s’est déroulé en présence d’un public venu en nombre. Jamais depuis le début du mandat, la tribune de l’hôtel de ville n’avait accueilli autant de monde (129 personnes exactement).
Pour être sûr d’avoir une place, certains étaient même présents plus d’une demi-heure avant l’heure de la séance.
"Un immense gâchis"Après avoir appelé les élus à "être à la hauteur des enjeux démocratiques", le président de séance procédait à l’installation du nouveau conseiller municipal (Pierre Garcin), puis demandait si quelqu’un souhaitait prendre la parole.
Jean-Pierre Colin saisissait la balle au bond pour annoncer sa candidature. Regrettant "un immense gâchis" dû à l’éclatement de la majorité et à la condamnation de la maire, il soulignait lui aussi l’enjeu du jour: "Une nouvelle page s’ouvre et nous avons à faire un choix crucial: il ne s’agit pas de désigner un intérimaire jusqu’en 2026, mais d’être à l’écoute des adjoints empêchés de s’exprimer jusque-là, et d’incarner la continuité du projet pour lequel nous avons été élus en 2020".
Dans la foulée, le groupe de gauche, par la voix d’Olivier Andrau, dénonçait "l’ambiance de complot", "les divisions de la majorité", ou "les élus qui n’ont que pour objectif de construire leur carrière". Et il annonçait que son groupe ne prendrait pas part au vote.
Même tonalité pour Dorian Munoz (RN), qui estimait que "la seule attitude responsable aurait été une démission collective". "Je ne voterai ni pour l’un ni pour l’autre" des candidats, indiquait-il.
Deux élus de gauche créent le troubleArrivait alors le premier tour de scrutin avec, déjà, une surprise. Deux des élus du groupe de gauche (Hakim Bouaksa et Bouchra Reano) glissaient un bulletin dans l’urne tandis que leurs deux colistiers (Olivier Andrau et Anthony Civettini) quittaient l’hémicycle. Au terme de ce vote, les deux candidats sortaient donc à égalité – un bulletin blanc était comptabilisé.
Dans les rangs des élus, la tension était à son comble, comme en témoignaient les larmes de Véronique Leportois (membre du groupe Minniti), pointées par Guillaume Capobianco (soutien de Jean-Pierre Colin) qui assimilait ce sanglot aux "pressions" de ses colistiers. La même élue faisait ensuite part de son exaspération à voix haute: "Je n’en peux plus (…), on nous demande de voter les uns contre les autres"...
Finalement, le même scénario s’est reproduit au deuxième et au troisième tour de scrutin. L’égalité donnait donc l’avantage au doyen, Jo Minniti, qui ne pouvait retenir une larme. Rapidement, ses soutiens venaient le congratuler, tandis qu’une partie du public l’applaudissait.
Visiblement, l’heure était au soulagement dans les rangs des élus restés fidèles au groupe de la maire empêchée par la justice. Pour autant, les prochaines séances du conseil municipal s’annoncent compliquées puisque le nouveau maire ne dispose pas d’une réelle majorité.
Var-Matin