Besançon. Au conseil municipal, Aline Chassagne et Ludovic Fagaut ne jouent pas la même partition

Ce 19 juin, le dernier conseil municipal avant la pause estivale a permis l’adoption de la première décision modificative du budget 2025. Une modification qui comporte notamment deux soutiens apportés au monde du cirque bisontin, l’un à Passe Muraille située dans le quartier d’Orchamps, et l’autre pour Pagnozoo, actuellement installé au Près-de-Vaux. L’occasion pour Aline Chassagne, adjointe à la culture, de se réjouir de « la cohérence qu’il y a avec ces projets, à la fois urbains et sociaux, d’inscrire durablement dans notre ville, ce lien avec le monde du cirque. »
L’élue communiste ne se contentera pas de vanter les mérites de sa collectivité et profitera de sa prise de parole pour égratigner le Département du Doubs. « Tout n’est pas cohérent dans le monde de la culture. On observe plusieurs incohérences, notamment sur notre territoire. Il y a notamment une grande incohérence qui a beaucoup surpris, c’est la volonté de la Saline royale d’Arc-et-Senans de proposer une programmation de concerts de musiques actuelles, qui arrive de manière un peu brutale. C’est un grand étonnement, il existe des Scènes de musiques actuelles (Smac), qui répondent à un cahier des charges bien précis. » Une dizaine de concerts dans ce registre sont ainsi prévus d’ici à la fin de l’année dans l’enceinte du lieu, signée Claude-Nicolas Ledoux. « Ce qui est encore plus étonnant, c’est que l’on est dans un contexte de diminution d’un certain nombre de budgets culturels, on le voit notamment dans les politiques du Département. Le maillage de notre territoire, tout ce qui s’est construit depuis des décennies se retrouve mis en difficulté. La Saline met de l’argent public là où les politiques de l’État mettent un cahier des charges précis. Qui vient financer ce projet ? Sachant que cela s’est fait sans concertation. Ce projet met en danger certaines structures. C’est ça la politique culturelle du Département ? Donner tout le budget à uns structure et saupoudrer les autres ? »
Comme souvent lorsque la majorité s’attaque à la collectivité départementale, Ludovic Fagaut (LR), conseiller municipal d’opposition et vice-président du Département en charge de l’insertion sociale, est monté au créneau. « Madame Chassagne , vous devriez mettre votre énergie à critiquer les autres, dans le portage des politiques publiques de la Ville de Besançon, et vous souciez de la mission qui vous a été confiée. Vous enfoncez des portes ouvertes, de mensonges à longueur de conseils municipaux. Depuis quand vous légitimez des critiques à l’encontre d’un établissement public culturel ? Jamais vous n’entendrez un élu de la majorité départemental critiquer en assemblée départementale ce que fait la Ville de Besançon. Jamais. Le Département a sanctuarisé son accompagnement aux structures culturelles. Ce n’est pas parce que vous répétez 200 fois une ânerie, que ça devient une vérité. »
Des propos loin d’être appréciés par Anne Vignot, maire de Besançon : « Comment vous parler à mon adjointe ? Ce n’est pas à la hauteur d’un élu de la République. Monsieur Fagaut, il y a toujours un moment où vous dérapez. » Voilà pour la forme. Sur le fond, l’édile regrette « la mise en concurrence entre équipements publics. C’est juste une aberration. »
Aline Chassagne regrettera l’absence « de débats de fond », et assure qu’elle « souhaite travailler avec son homologue du Département. Les choses changent, les gens peuvent changer d’avis, mais on en discute et on voit de quelles façons cela peut être utile le plus possible à la population. On réfléchit ensemble mais là, les choses se sont faites de manières précipitées et elles auraient dû être plus concertées à différents niveaux. »
Pour réconcilier Aline Chassagne et Ludovic Fagaut, la Ville de Besançon et le Département, il faudra peut-être compter sur André Manoukian, chantre de l’amour et de la beauté du monde, qui sera sur la scène de la Saline royale le 18 octobre prochain. Mais accepteront-ils de s’y rendre ensemble ?
L'Est Républicain