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« C’est un petit peu comme si on leur offrait des funérailles » : à Paris, une cérémonie pour rendre hommage aux 855 sans-abris morts en 2024

« C’est un petit peu comme si on leur offrait des funérailles » : à Paris, une cérémonie pour rendre hommage aux 855 sans-abris morts en 2024

623 en 2022, 611 en 2023, et 855 l’année dernière. Les chiffres des morts à la rue ne cessent d’augmenter. Pour lutter contre l’invisibilisation de ce scandale, le collectif Les morts de la rue a rendu hommage, ce mardi 20 mai, à toutes les personnes décédées « sans chez-soi » en France l’année dernière.

Sur les murs de l’amphithéâtre du Parc de Belleville, des affiches rappellent que « vivre à la rue tue » et que « chacun.e était quelqu’un.e ». C’est pourquoi le nom de chaque personne morte à la rue a été lue à voix haute lors de l’initiative.

Le collectif a invité des élus et des personnalités politiques pour cette cérémonie de lecture des noms, afin de « les sensibiliser, les mettre face aux faits afin qu’ils prennent conscience ». Mardi soir, c’est surtout la gauche qui était représentée, notamment avec le sénateur communiste Ian Brossat, la députée LFI Sophia Chikirou ou Rémi Féraud, sénateur socialiste. Plusieurs conseillers municipaux de la ville de Paris étaient aussi présent.

Pour Bruno Hoguet, membre du collectif qui a vécu à la rue pendant plusieurs mois, cet aspect est primordial : « j’ai réussi à m’en sortir en me débrouillant, mais c’est aussi grâce à l’aide des petits politiques qui nous entourent. Ils agissent pour nous aider. »

La cérémonie s’est terminée par un hommage. Tous les spectateurs sont alors invités à déposer une rose auprès du nom d’un « sans chez-soi » décédé. En même temps résonne un enregistrement de la lecture des noms, accompagné, quand c’est possible, d’un parcours de vie.

« C’est un petit peu comme si on leur offrait des funérailles », témoigne Arnaud, présent à l’événement pour la deuxième fois. La procession est longue. Dans l’émotion, chacun espère ne pas avoir à déposer de fleurs l’année prochaine. Mais 186 sans-abri sont déjà décédés cette année. Sans oublier les morts qui n’ont même pas été recensés.

Car beaucoup de sans-abri meurent encore dans l’indifférence générale et ne sont jamais identifiés. « Nous ne pouvons garder que les cas vérifiables », ajoute Bérangère Grisoni, présidente des Morts de la rue. « On travaille sur la base de signalements citoyens, de la police ou des pompiers, d’une veille média et grâce à l’aide de la DIHAL, pour Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement ».

La bénévole dénonce une inaction des politiques. « Aujourd’hui, on a des lois qu’on n’applique pas. C’est un devoir de l’État que les politiques sur le logement soient les chantiers prioritaires ». Et ce, alors qu’en France le sans-abrisme explose. En douze ans, il a augmenté de plus de 145 % d’après la Fondation pour le logement des défavorisés, soit 350 000 personnes à la rue.

Pour la France, septième puissance économique mondiale, ces chiffres sont accablants. Dans l’Union européenne, l’hexagone détient le triste record du plus haut taux de sans-abrisme. Peu après sa première investiture, Emmanuel Macron avait pourtant annoncé qu’il ne voulait « plus de femmes et d’hommes dans la rue », et ce « d’ici la fin de l’année » 2017. Huit ans après, la situation s’est aggravée…

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