Comment Trump déploie et instrumentalise l’armée sur le sol américain

De la frontière mexicaine à Los Angeles, le président multiplie les recours aux forces armées pour des missions lourdes de sens politique, observe “The New York Times”. Avec, peut-être, la volonté de préparer le terrain à une utilisation plus ample de la puissance militaire pour réprimer les opposants.
Il a commencé par augmenter drastiquement les effectifs militaires à la frontière avec le Mexique. Puis, lorsque les habitants de Los Angeles sont descendus dans la rue pour dénoncer les expulsions d’immigrés le week-end [des 7 et 8 juin], Donald Trump a déployé la garde nationale pour rétablir l’ordre. Quand le gouverneur de Californie s’est opposé à cette décision, Trump s’est obstiné, a envoyé l’armée et encore plus de soldats de la garde nationale.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, en janvier, le président a multiplié progressivement les recours à l’armée sur le territoire national. Il teste les limites juridiques et politiques en déployant dans son propre pays des troupes formées aux opérations extérieures en zone de guerre pour leur confier des missions généralement assurées par les forces de police locales ou la police aux frontières.
Les soldats américains sont désormais plus nombreux à Los Angeles qu’en Syrie et en Irak, s’est félicité Sean Parnell, porte-parole en chef du Pentagone, en relayant l’information sur X mercredi [11 juin] :
“C’est exactement ce pour quoi les Américains ont voté. La défense de notre peuple et de notre patrie.”
L’objectif, selon plusieurs experts et anciens haut gradés, pourrait être d’habituer les Américains à voir des soldats dans les rues des grandes métropoles, et d’ouvrir ainsi un boulevard à Donald Trump qui lui permettrait d’exploiter plus activement son statut de commandant en chef des armées pour réprimer l’opposition et les contestations.
Pour les partisans du milliardaire, cette mobilisation de l’armée sur le sol américain pour maintenir l’ordre n’a que trop tardé. Ses détracteurs, à l’inverse, dénoncent une évolution inquiétante, signe d’une politisation de l’armée et d’un autoritarisme rampant.
“Ce qui m’inquiète le plus, c’est la banalisation de l’engagement politique de l’armée, et cette interprétation nouvelle, très large, du po

Avec 1 700 journalistes, une trentaine de bureaux à l’étranger, plus de 130 prix Pulitzer et plus de 11 millions d’abonnés au total à la fin de l’année 2024, The New York Times est le quotidien de référence aux États-Unis, dans lequel on peut lire “all the news that’s fit to print” (“toute l’information digne d’être publiée”).
Dans son édition dominicale, on trouve notamment The New York Times Book Review, un supplément livres qui fait autorité, et l’inégalé New York Times Magazine. La famille Ochs-Sulzberger, qui, en 1896, a pris la direction de ce journal créé en 1851, est toujours à la tête du quotidien de centre gauche.
Quant à l’édition web, qui revendique à elle seule plus de 10 millions d’abonnés à la fin de 2024, elle propose tout ce que l’on peut attendre d’un service en ligne, avec en plus des dizaines de rubriques spécifiques. Les archives regroupent des articles parus depuis 1851, consultables en ligne à partir de 1981.
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