Conciliation travail-famille, misogynie, menaces: une «occasion extraordinaire» devenue un fardeau pour une conseillère

Même si elle a adoré son passage de quatre ans à l’hôtel de ville de Québec, la conseillère Maude Mercier Larouche a pris la décision de ne pas poursuivre l’aventure. La conciliation travail-famille et les tensions sociales à couper au couteau ont eu raison de sa volonté et de ses énergies.
«C’est un travail que j’adore et une occasion extraordinaire que je suis contente d’avoir saisie, mais ce n’est pas facile dans le contexte social actuel, confie la conseillère de Saint-Louis-Sillery, qui affirme quitter avant tout pour des raisons familiales. Quand tu reçois une pluie d’insultes gratuites et misogynes, des menaces et de l’intimidation pour des annonces qui se veulent de bonnes nouvelles, ce n’est pas sans miner ton état d’esprit et sans affecter ton quotidien.»
En tant que présidente du Réseau de Transport de la Capitale (RTC) et responsable des grands projets au comité exécutif de la Ville, Mme Mercier Larouche a agi longtemps comme porte-étendard du dossier «le plus polarisant» de la province : le tramway de Québec.
Elle admet en avoir vu de toutes les couleurs dans les deux années qu’elle a passées en figure de proue du projet avant que le gouvernement du Québec ne confie le mandat du réseau de transport structurant à la Caisse de dépôt et placement du Québec Infra.
Elle affirme avoir dû porter plainte à la police dans certains cas extrêmes. «Pendant du repérage dans un des dossiers, l’enquêteur a constaté que mon adresse personnelle avait circulé sur certains groupes sur les réseaux sociaux. Des gens disaient vouloir venir déverser des choses sur mon terrain.»
Une nouvelle salve de méchanceté s’est abattue sur Maude Mercier Larouche la première fois où la hausse de la taxe sur l’immatriculation pour financer le transport en commun a été évoquée.
«Cette soirée-là, mon téléphone ne dérougissait pas et j’ai reçu des messages avec des termes qui sont tellement épouvantables qu’ils ne s’écrivent pas dans les médias.»
Répercussions familialesComme bien d’autres politiciens qui ont accepté de témoigner pour ce dossier, les effets collatéraux sur sa famille ont été la goutte de trop pour la présidente de l’arrondissement de Sainte-Foy.
«C’est arrivé une fois que mon adolescente revienne en pleurant parce que quelqu’un à l’école lui avait montré un montage vidéo qui me faisait dire des choses qui n’ont aucun sens», raconte-t-elle, sans vouloir trop développer le sujet encore sensible de la conciliation travail-famille.
PrivilégiéeEn dépit de ce qu’elle a dû endurer, Maude Mercier Larouche encouragerait tout de même ses propres filles à faire de la politique municipale.
«Je me considère privilégiée. C’est une aventure extraordinaire et c’est une fierté de porter des dossiers auxquels on croit. [...] On a le sentiment d’aider, d’améliorer le quotidien des gens. C’est une opportunité qui demeurera toujours, nonobstant la haine et les défis qui y sont associés au quotidien», conclut-elle.
LE Journal de Montreal