Crise à Renaissance Var: le président et une dizaine de cadres vont démissionner

Expert en gestion de crise en collectivités au sein de l’entreprise Crise Help. C’est le nouveau job de Fabien Matras. L’ex-député En marche de la 8e circonscription du Var sait de quoi il parle.
Encore plus aujourd’hui, alors qu’une rébellion vient d’éclater au sein de Renaissance Var, dont il a pris la présidence après l’essai (non transformé) de Mourad Boudjellal, il y a deux ans. Au point de démissionner de sa responsabilité politique à son tour, d’après nos informations.
"Je vais passer la main, confirme-t-il. J’ai toujours dit que j’étais là pour faire la transition. Et puis, j’ai besoin d’une plus grande neutralité dans mon travail. Même si j’ai toujours fait la part des choses, ça sera plus confortable."
Voilà pour la version officielle.
En coulisses, les raisons de ce renoncement n’ont rien de politiquement correct. Si Fabien Matras assure laisser un parti "en meilleur état" avec une "vraie cohésion" et "des gens qui sont à nouveau contents de travailler ensemble", d’autres, en interne, ont une vision complètement différentes.
Et l’auraient fait remonter aux instances nationales du parti présidentiel.
D’où l’envoi, jeudi dernier, d’un courrier rappelant au président de Renaissance Var les propositions faites aux départements pour "soutenir l’effort de structuration" (densification de l’organigramme, dynamisation de l’implication locale, accompagnement des nouveaux adhérents, visites très régulières des cadres du parti...) souhaité par Gabriel Attal à l’approche du séminaire des présidents d’assemblée départementale, le 5 juillet.
Avant de passer aux reproches. "À quelques semaines de l’échéance, il apparaît que très peu d’actions de mobilisation et d’animation ont été effectivement engagées dans le Var et que plusieurs demandes restent sans réponse", écrivent Anne Genetet et Prisca Thévenot, secrétaires générales déléguées aux assemblées départementales, qui lui demandent de prendre contact "dans les meilleurs délais".
Le coup de grâce pour Fabien Matras, qui pensait pleinement assumer ses responsabilités en bon soldat de la macronie ? "Cette lettre, j’en ai fait un avion, réplique-t-il. Il ne volait même pas, je l’ai jeté à l’eau."
Dans l’entourage de l’ancien maire de Flayosc, on pointe également les "soucis de management de Prisca Thévenot", qui "devait être stagiaire quand Fabien participait à la création d’En marche".
À qui profite ce départ ?Derrière ce qui est perçu comme "une boule puante", certains y voient l’intervention de Gilles Joannet, autre tête d’affiche varoise de Renaissance.
"C’est ridicule, débile et faux, conteste-t-il. Quand j’ai quelque chose à dire, je le dis directement à la personne concernée."
Se voit-il calife à la place du calife? "Ce n’est pas le sujet, assure ce consultant en management de 59 ans, dont huit dans le Sud, qui avait affronté Mourad Boudjellal pour le poste en 2023. Le plus important, ce n’est pas de satisfaire des ego, mais d’appliquer une méthode de travail en vue des municipales. Je ne suis pas venu dans le Var pour vivre dans un département de fachos."
Un discours bien différent de celui qu’il tenait à l’époque: "Quand on critique les dirigeants du Rassemblement national, on éloigne de nous les gens qui ont voté pour eux. Alors qu’on doit faire revenir les votes perdus. En les faisant participer. En les nourrissant. En étant dans la communication positive."
Autre prétendant à la présidence de Renaissance Var? Maxime Robert, actuel référent JAM83 (Jeunes avec Macron) et porte-parole de Renaissance Var.
"Lui aussi a tiré dans les pattes de Fabien Matras, en prétendant qu’il ne faisait rien du tout", croit savoir un autre proche de l’ancien député, qui redoute "une mise sous tutelle" de la section varoise.
"Je n’ai jamais travaillé dans cette logique-là, dément Maxime Robert. Comme tout le monde, j’ai été choqué d’apprendre que Fabien pouvait partir".
L’heure des règlements de comptes a été calée à 20 heures, ce lundi, en visioconférence. "C’est le moment de jouer carte sur table et de crever l’abcès", glisse un des participants, pour qui ça s’annonçait "mal".
Une dizaine d’autres cadres varois ont l’intention de claquer la porte dans la foulée de Fabien Matras, y compris Rayann Mouslim, secrétaire départemental et candidat Ensemble pour la République dans la 8e circonscription en 2024.
"Je souhaite une élection le plus rapidement possible pour ne pas que des villes comme Toulon tombent dans les mains du Rassemblement national", indique-t-il. D’ici les municipales de 2026, tout peut encore changer.
Var-Matin