Délimitation des espaces proches du rivage, décroissance du trafic héliporté: la Ville de Ramatuelle fait cavalier seul sur le Schéma de cohérence territoriale

Combattant solitaire entaché de l’image du vilain petit canard lors de ses multiples alertes au conseil communautaire. Sans soutien auprès de ses pairs de la communauté de communes, le maire de Ramatuelle, Roland Bruno s’en retourne à ses élus. Il requiert leur soutien sur son désaccord concernant des éléments de la révision du Schéma de cohérence territorial (SCoT), ayant comme objectif d’organiser "un aménagement efficace et harmonieux " du Golfe.
Lors du dernier conseil municipal, le premier édile a soumis au vote l’avis sur ce projet, comme prévu dans le déroulement réglementaire. Une résolution plutôt salée qui demande des modifications du texte.
Redéfinition des règles d’urbanismePour le premier point, la municipalité critique la délimitation des espaces proches du rivage. Elle considère cette frontière "trop éloignée du rivage sur certaines parties du territoire". Cette ligne peut parfois aller jusqu’à plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres et "aurait un lourd impact sur le potentiel de développement agricole du territoire". De ce fait, le premier magistrat propose de rectifier la limite lorsqu’elle est éloignée de plus d’un kilomètre du littoral.
La deuxième modification concerne la base de calcul pour les extensions de bâti existant. Le document précise qu’elles doivent être contenues "dans une limite de 30% maximum de la surface de plancher et être sans incidences paysagères négatives". Or selon, le premier magistrat, cette notion prend en compte les espaces habitables en sous-sol qui sont particulièrement utiles pour l’adaptation au changement climatique et sont invisibles. Roland Bruno propose donc de remplacer les 30% par "un principe d’agrandissement modéré."
Son opposant, Bruno Goethals, se montre critique et estime cette proposition floue: "Dans notre Plan local d’urbanisme on met des pourcentages partout, quand ça vient de l’extérieur on demande un agrandissement modéré. Ça ne peut pas tenir, ça va aller au contentieux."
1900 vols d’hélicoptèresMais le gros segment qui a valu une pause dans la délibération et la projection d’une analyse aux élus, concernait le trafic héliporté dans le Golfe. Le maire se soulève contre une phrase précise qui traduit la politique du territoire pour l’avenir: "La desserte par hélicoptère s’organise à partir d’un réseau d’hélistations et d’hélisurfaces au plus proche du secteur littoral". Selon lui, Saint-Tropez et Ramatuelle, au vu de la destination de la clientèle, "risquent de se voir imposer des hélistations".
Sur la base d’une étude de faisabilité réalisée en 2010, il expose qu’une telle installation génère "des émergences sonores de 4 à 10 dB dans leur environnement " ce qui représente une pollution sonore mais aussi un danger pour la faune locale et la santé de la population.
Pour illustrer la particularité locale, le directeur de cabinet, Guy Martin, utilise les chiffres de l’association Ciel Calme à Ramatuelle. En 2024, plus de 1900 engins ont survolé la commune, loin devant la deuxième la plus traversée, Gassin avec 700 vols. "Toutes les communes qui votent au conseil communautaire ne supportent pas le même poids d’hélicoptères. On comprend qu’ils se désintéressent du problème ramatuellois", pointe-t-il.
Le maire propose donc de saisir le préfet afin "d’obtenir un avis motivé sur l’amendement proposé par la commune pour une limitation des nuisances."
Risque d’incompatibilitéLe membre de la minorité Patrick Gasparini renvoie la responsabilité au président de l’assemblée: "Depuis que Pampelonne a changé, le trafic a largement évolué. C’est la conséquence de vos décisions. Aujourd’hui on traite un problème auquel vous n’aviez peut-être pas réfléchi."
À Roland Bruno de répondre: "Les nouveaux établissements sont opérationnels depuis 2019 et bien avant il y avait déjà cette problématique."
Mais au-delà même du fond, c’est la méthode que critique son opposant: "Vous nous mettez devant le fait accompli. Si on ne le vote pas, on n’aura pas le temps de revenir en arrière. Si le préfet n’adhère pas à vos rectifications, le PLU qu’on arrête ce soir, ne sera pas compatible et fatalement, la préfecture vous attaquera et peut-être même les associations."
Les deux membres de la minorité se sont abstenus à cause de ce risque de conflit réglementaire.
Var-Matin