Dérives de certains établissements de plage à Pampelonne: comment cadrer les exploitants?

Joyau de la baie, que les habitants doivent, non sans peine, partager. Les grappes de touristes font leur retour à Pampelonne avec le début de l’été. Alors au village, le sujet revient sur la table de la salle du conseil municipal. Lors de la dernière assemblée, les élus ont été invités à prendre acte du rapport d’exploitation de la plage sur la saison 2023. Ce dossier de 369 pages détaille - en profondeur - le bilan comptable du concessionnaire et des établissements, la qualité des services (sécurité, salubrité, conditions d’accès, information du public) ou encore les aménagements effectués pour mettre en valeur et préserver le site.
Pour comprendre l’enjeu économique de cet espace, quelques chiffres. En 2023, plus de 7 millions d’euros ont été dépensés par la Ville en investissement et en fonctionnement et plus de 8 millions d’euros ont été perçus. Ce qui donne un résultat positif de près de 882.000 euros.
Entre promesses et actionsC’est le premier adjoint, Patrick Rinaudo, qui était chargé de résumer les composantes de ce rapport. "Vous avez le récapitulatif des remarques des exploitants et des clients. Parmi les thématiques qui reviennent régulièrement, il y a le manque de places de parking et l’évocation des tarifs. Surtout, ce qui revient: le manque de matelas disponibles à la location", indique l’élu.
À la fin de cette présentation, le conseiller de la minorité, Bruno Goethals rebondit sur ce point en questionnant la municipalité. Il met en évidence la différence entre les promesses des exploitants lors de la signature du contrat et la réalité des faits. Il se focalise sur deux points: les tarifs au-delà de ceux annoncés par certains établissements et la durée d’ouverture, parfois réduite de manière significative: "Est-ce qu’on a un moyen de leur faire respecter leurs engagements?"
Le maire commence par indiquer la mise en place d’un service de suivi des exploitants mais concède: "C’est vrai qu’il y a parfois des différences. Mais les choses peuvent évoluer." "Mais quand on est à plus de 20, 40, 60% du prix du plat moyen annoncé, ce ne sont pas des petits écarts. En plus, c’est répété d’année en année", pointe son opposant.
Le "minimum spending", dérive sélectiveEn termes de moyen d’action, le premier magistrat explique qu’il est toujours possible d’aller vérifier les cartes et les prestations des établissements: "Même s’il y a des établissements avec des prix très élevés, il y a aussi des prix bas. Mais est-ce que la clientèle va y aller?" Roland Bruno saisit son verre devant lui pour donner un exemple: "Si une personne rentre dans un établissement et demande un verre d’eau, ce doit être gratuit, il devrait être bien reçu mais je ne sais pas si c’est le cas. On pourrait envoyer des personnes pour vérifier..."
En réaction à cette parabole, le conseiller d’opposition, Patrick Gasparini met le doigt sur une dérive plus importante révélée dans nos colonnes en 2023: "Si le verre d’eau gratuit est un mythe, ce qui est une réalité, c’est le “minimum spending". Aujourd’hui, si vous n’apportez pas l’argent aux concessionnaires de la plage, on ne vous accepte pas. On le sait tous. Il y a même des endroits où on paye la table avant d’être arrivé sinon on n’en a pas. Ça, c’est quelque chose que vous devriez étudier de beaucoup plus près. Tout déborde parce qu’il n’y a pas de contrôles à ce niveau-là. »
Reprendre les contratsLe maire répond que cela passe d’abord par l’étude des méthodes employées par les professionnels.
"On s’aperçoit qu’il y a un effet de rareté qui se produit depuis 2019. Il n’y a pas assez d’offres et trop de demande. Dans ce cas-là, le marché réagit toujours de la même façon, il y a une augmentation des prix. Les exploitants de plages passent, pour beaucoup, leur journée à refuser des clients. Comme ce sont des contrats publics, il y a toujours un moyen de les reprendre.", précise son directeur de cabinet, Guy Martin.
Le directeur avertit toutefois du risque de contentieux avec le signataire dans ce cadre économique très tendu. "Le client doit pouvoir choisir des matelas ou des repas abordables et il pourra les trouver. C’est la démarche que nous faisons avec l’office de tourisme qui va renseigner les bonnes adresses et les astuces pour accéder à une plage moins chère", poursuit-il.
Var-Matin