Diplomatie. Visite d'État de Macron à Londres : entre Royaume-Uni et UE, un rapprochement nécessaire

Le Royaume-Uni accueille en grande pompe le président français, mardi, pour une visite d’État qui doit durer trois jours, la première d’un dirigeant européens depuis le Brexit.
Outre le dirigeant français, c’est à l’Union européenne tout entière qu’a fait les yeux doux le Premier ministre travailliste Keir Starmer, en poste depuis un an, en promettant un reset des relations envers les États membres. Mais pourquoi le Royaume-Uni s’attelle-t-il à se rapprocher de la France et d’un Vieux Continent qu’il s’était pourtant efforcé de quitter ?
Un gouvernement « plus réaliste » sur l'immigrationParis et Londres ont mis de l’eau dans leur vin sur les dossiers qui les ont divisés ces dernières années. « Les tensions autour de la pêche étaient plus d’ordre symbolique qu’autre chose. Boris Johnson avait besoin de se montrer intransigeant avec les pêcheurs français pour mettre en scène le retour d’une souveraineté britannique post-Brexit », explique Federico Santopinto, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
« Sur l’immigration dans la Manche, le gouvernement britannique actuel est beaucoup plus réaliste et n’ignore pas que l’immigration existera toujours, qu’il soit dans l’UE ou non », analyse le chercheur spécialiste des relations européennes pour qui « les travaillistes sont beaucoup plus enclins à avoir de bonnes relations avec les Européens, contrairement aux conservateurs, portés au pouvoir notamment par la dynamique du Brexit. »
Le rabibochage entre le Royaume-Uni et ses voisins européens s’impose à mesure que l’allié américain se désengage du théâtre européen. Dans ce contexte, le Royaume-Uni a absolument besoin de se rapprocher des Vingt-Sept et en premier lieu de la France, puissance militaire nucléaire, qui est alignée avec Londres dans sa politique de soutien à l’Ukraine et de containment de la Russie.
« Le Royaume-Uni est plus fort quand nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires internationaux les plus proches. Cela n’a jamais été aussi important à l’heure où la guerre, les conflits et l’insécurité frappent tous à la porte de l’Europe », avait-il déclaré, lucide, fin 2024.
L’UE y trouve aussi son compte : les Européens ont tout intérêt à compter les Britanniques à leur côté pour faire face aux menaces, notamment celles venues de l’est.
Si le rapprochement stratégique entre le Royaume-Uni et les membres de l’UE est cours, pour une entente économique, il faudra attendre. « C’est là toute la ligne de crête, Bruxelles ne veut pas autoriser Londres à avoir librement accès à son marché, sous peine de voir les Brexit se multiplier au sein des États membres », prévient Federico Santopinto.
Le Progrès