Echec du conclave sur les retraites: le Premier ministre, François Bayrou, prendra la parole ce jeudi à 17h

François Bayrou livre ce jeudi 26 juin, dans l'après-midi, le résultat de sa tentative de la dernière chance pour sauver la concertation entre partenaires sociaux sur les retraites, après l'échec de quatre mois de "conclave" qui fragilise sa position à la tête du gouvernement.
Le Premier ministre tient une conférence de presse à 17 heures à Matignon pour "tirer la conclusion" de ses échanges avec les organisations syndicales et patronales depuis lundi.
"Leur travail ne sera pas oublié". "Et s'il demeure des points de désaccord, le gouvernement les tranchera" et "prendra ses responsabilités", a assuré ce mercredi 25 juin devant le Sénat François Bayrou, grand défenseur de la démocratie sociale pour qui syndicats et patronat étaient "à quelques centimètres" d'un compromis.
Lundi, après une ultime séance de négociations pour apporter des améliorations à la loi Borne de 2023, patronat et syndicats n'avaient eu d'autre choix que d'acter leur échec. Mais François Bayrou avait estimé qu'il existait une "voie de passage" et entamé lui-même des discussions.
Lors de sa conférence de presse, il devrait notamment exposer les points de blocage et de consensus constatés par les partenaires sociaux.
Avec à la clé la promesse que, si un accord éventuel entraînait des dispositions législatives, "elles seraient soumises au Parlement". D'autres mesures peuvent être d'ordre règlementaire et relever du pouvoir exécutif.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a reçu le Premier ministre mercredi après-midi, a affirmé ce jeudi sur TF1 que, "peut-être, le moment venu, il proposera un texte" non pas sur l'âge légal de départ à la retraite, porté par la réforme à 64 ans, mais sur "les questions importantes liées à l'usure professionnelle".
"Prenez (les) avancées et transformez-les en loi"Syndicats et organisations patronales s'opposent sur la prise en compte de la pénibilité dans le moment du départ en retraite.
Le chef du gouvernement veut obtenir des avancées sur les femmes ayant eu des enfants, qui pourraient voir leur pension calculée de manière plus favorable, ainsi que sur l'âge de départ à la retraite sans pénalités, qui pourrait être avancé à 66,5 ans au lieu de 67 actuellement, selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
"Prenez (les) avancées et transformez-les en loi", a lancé le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner sur franceinfoTV.
Mais un compromis sur ces points ne suffirait sans doute pas à l'ensemble des socialistes qui veulent pouvoir discuter de "tout" au Parlement, et en particulier de l'âge de départ, ce que refuse le Premier ministre au nom de l'équilibre financier du régime, alors que la dette du pays a continué de croître au premier trimestre pour s'établir à 114% du PIB, selon l'Insee jeudi.
Reculer "encore l'âge de départ va se poser à nouveau" dans les années qui viennent, appuie dans Le Figaro mercredi la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin.
François Bayrou avait lancé ces concertations sur cette réforme impopulaire en échange de la neutralité des socialistes à son égard, ce qui lui avait permis d'échapper à la censure sur le budget en février dernier.
Mais sans attendre l'issue de ces discussions de la dernière chance, les socialistes ont annoncé mardi qu'ils allaient déposer une motion de censure contre le gouvernement.
"Bon vouloir" du Rassemblement nationaleCe qui remet le Rassemblement national, qui dispose du plus gros groupe à l'Assemblée nationale, au centre du jeu, comme avec son prédécesseur Michel Barnier, tombé au bout de trois mois sous les voix jointes du PS, de LFI et du RN.
François Bayrou peut cependant encore respirer: le parti à la flamme ne le censurera pas la semaine prochaine, quand sera débattue la motion du PS, et lui donne "rendez-vous" lors du budget, à l'automne.
Mais si la gauche reste unie pour le censurer après l'été, le centriste va se retrouver dépendant des lepénistes.
Un accord avec la CFDT, centrale syndicale proche du PS, peut-il aider à déminer le terrain parlementaire de l'automne ? "Sachez que vous avez intérêt à parler aux républicains au sens large du terme (...) plutôt que de vous lier éventuellement au bon vouloir du RN. Ca a coûté cher à votre prédécesseur", a prévenu Patrick Kanner.
Alors que son avenir ne tient qu'à un fil et que sa popularité est au plus bas dans les sondages, une moitié des Français (52%) souhaitent la censure du gouvernement Bayrou, et 63% considèrent qu'il est le principal responsable de l'échec du conclave, selon une enquête Elabe parue mercredi.
Nice Matin