Édito. Dissolution : pendant que l’Assemblée dérive, le Sénat navigue

Il y aura un an ce lundi, Emmanuel Macron espérait, comme dans la chanson d’Alain Souchon, passer l’Assemblée à la machine. Pour voir si les couleurs d’origine de la Macronie peuvent revenir. L’eau de Javel de la dissolution n’aura cependant pas apporté la clarification attendue. Au contraire, les partis sont sortis écornés du tambour de cette machine à laver. L’Assemblée nationale concentre tous les maux. L’absence de majorité relative et de réelles alliances ont seulement permis à des hérons de sortir la tête du lavoir. Bruno Retailleau, Gabriel Attal, Marine Le Pen, tous profitent de l’apathie des débats pour se préparer au rendez-vous de 2027. Avec ces onze formations, l’Hémicycle a fini par se dynamiter façon puzzle en quatre grandes forces. Le NFP, le RN, Renaissance et ses alliés, une droite enfin qui, malgré sa faible audience, parvient à peser sur l’échiquier politique. Alors que le Palais Bourbon dérive, le Sénat, lui, navigue. Il tient la barre. Faute de majorité à l’Assemblée, le recours aux motions de rejet est démultiplié pour permettre aux textes de filer vers le Palais du Luxembourg. Une inversion des valeurs pour certains, un glissement en tout cas du centre de gravité de la décision entre ces deux chambres. Une situation sans issue immédiate. Une nouvelle dissolution ne permettrait sans doute pas de retrouver une forme de stabilité. D’ailleurs peu souhaitent réellement retourner aux urnes. À gauche, l’absence d’union nourrit une improvisation généralisée dont le sommet restera d’avoir sorti du chapeau une inconnue, Lucie Castets, comme candidate à la chefferie du gouvernement. Au RN, depuis la condamnation de Marine Le Pen, on n’est plus pressé non plus de provoquer une dissolution car la menace de l’inéligibilité plane. Le nouveau souffle démocratique, finalement, ne surgira qu’avec la présidentielle. D’ici là, la fragmentation va se poursuivre avec un gouvernement de François Bayrou lessivé par une ultra moderne solitude.