Édito. Enfants et écrans : parents imparfaits cherchent tolérance désespérément

Oui, nous sommes pour beaucoup d’imparfaits parents. On hurle, parfois, quand il suffirait d’expliquer. On cède, de temps à autre, à la pizza ou au fast-food. Et puis, on le confesse en chuchotant, il peut nous arriver d’autoriser nos rejetons à regarder une vidéo. Pour étendre une lessive. S’occuper du grand frère. Ou souffler un peu, tout simplement.

On le sait pourtant, et c’est une vérité absolue qu’il n’est pas question de remettre en cause ici : les écrans, drogue multigénérationnelle se dealant au grand jour, constituent un danger. Les scientifiques sont formels : risques de retard de langage, troubles de l’attention, voire obésité peuvent être autant de conséquences de l’exposition débridée des enfants à ce fléau du millénaire. Ce qui a conduit la ministre de la Santé et des Familles, Catherine Vautrin, à annoncer dimanche dernier la publication imminente d’un arrêté interdisant l’exposition des petits à tout écran jusqu’à l’âge de 3 ans « partout, y compris à la maison ». Rassurons-nous toutefois, « les autorités ne seront pas chez les gens pour vérifier ». Ouf.

Pour encourager le « réarmement » démographique (la conception desdits bébés devant la télé n’étant pas encore référencée comme un facteur à risque), pas sûr toutefois que pointer ainsi du doigt les parents constitue le meilleur des encouragements. Parce que, dans la vie de beaucoup, il est bien difficile d’atteindre la perfection réclamée.

Heureux sont ceux qui peuvent, H24, enchaîner non-stop les jeux de société, la lecture d’histoires et les séances de « gouzis-gouzis ». Les autres en sont réduits à faire comme ils peuvent. Et qu’ils n’en aient pas honte : ils le font souvent très bien. Quitte à laisser leur progéniture regarder, à un rythme raisonnable bien sûr, T’choupi chevaucher son vélo rouge ou taper un foot chez Pilou et Lalou. Au fond, être parent, c’est d’abord aimer. Avec ou sans pixels.