Edito. Jeu de mains, jeu de vilains?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan tenant pendant une dizaine de secondes un doigt d’Emmanuel Macron. Le président de la République, qui a perdu la main sur la scène intérieure, allait-il cette fois perdre son majeur lors d’un sommet en Albanie?
On est passé, il y a quelques jours, à deux doigts de l’incident diplomatique (ou de l’entorse) avant que tout cela ne se termine par une franche poignée de main. Chez les grands fauves (mâles) de la politique, le jeu de mains a parfois quelque chose d’une virilité caricaturale, un moyen de défier l’autre avant d’entamer les choses sérieuses, les discussions en tête à tête.
Certains chefs d’État n’y vont pas de main morte comme Donald Trump et Emmanuel Macron. Début décembre, pour leurs retrouvailles sur le perron de l’Élysée, ils ont échangé une longue poignée de main assortie d’un geste digne de la lutte gréco-romaine, le futur locataire de la Maison Blanche soulevant sans ménagement le bras de son homologue. Signe avant-coureur du bras de fer qu’allaient se livrer les États-Unis et l’Europe, quelques semaines plus tard?
Embrassons-nous, Folleville!Le jeu de mains n’est pas toujours une épreuve de force. Emmanuel Macron use - et abuse? - des accolades et autres tapes dans le dos. Des proximités tactiles souvent surjouées mais l’essentiel est de faire passer le message de relations au beau fixe avec son interlocuteur, qu’elles soient avérées ou pas. Embrassons-nous, Folleville!
Avec les responsables politiques femmes, la bise est désormais la norme. On se souvient, il y a une quinzaine d’années, que la réservée Angela Merkel avait accueilli sans enthousiasme la première embrassade du turbulent Nicolas Sarkozy.
Et puis il y a ces gestes qui sont entrés dans l’histoire à l’image de François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main le 22 septembre 1984 devant un catafalque placé à l’entrée de l’ossuaire de Douaumont, à l’occasion d’une commémoration des morts des deux guerres mondiales. Comment mieux symboliser la réconciliation franco-allemande? Ce jour-là, les deux chefs d’État avaient le cœur sur la main.
Nice Matin