Édito. Le Groenland, une tribune pour défendre un certain ordre mondial

En se rendant dimanche au Groenland, Emmanuel Macron, premier chef d’État à mettre un pied sur l’immense terre de glace arctique depuis les menaces d’annexion lancées par Donald Trump, fait bien plus qu’apporter son soutien aux 57 000 habitants inuits. Ce détour par le territoire autonome danois, soigneusement mis en scène par l’Élysée, sur la route qui l’a mené au G7 canadien le soir même, est un message fort lancé sur la scène internationale et plus particulièrement à destination des États-Unis.

Ce déplacement concrétise tout d’abord son discours prononcé le 9 juin à Nice en ouverture du sommet de l’ONU sur les océans. « Les abysses ne sont pas à vendre. Pas plus que le Groenland n’est à prendre », avait-il martelé. Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue en défendant le pot de terre, rare et polaire, contre le pot de fer de l’Oncle Sam. Au Groenland, Emmanuel Macron souhaite faire entendre la voix de l’Europe et fédérer sa politique diplomatique. Certes, il y a derrière ce volontarisme européen le désir de continuer à exister politiquement quand, sur le plan national, il apparaît plus affaibli que jamais. Mais au Groenland comme en Ukraine, le président de la République semble déterminé à préserver les intérêts économiques, environnementaux et climatiques des terres rares de notre continent. Tout comme à défendre ces lieux stratégiques et cruciaux militairement, portes d’entrées sur l'Europe. Et ce d’autant plus que l’Union européenne peine à faire entendre une voix unie à la table des négociations de l’ordre mondial : guerre en Ukraine, conflits au Moyen-Orient, guerre commerciale, lutte contre le dérèglement climatique… En résumé, Emmanuel Macron s’est servi habilement du Groenland pour se faire le héraut de l’opposition aux ambitions impérialistes du président Trump.