Emmanuel Macron en Asie : visites stratégiques au Vietnam, à Singapour et en Indonésie, trois pays en six jours

Emmanuel Macron est attendu dimanche soir à Hanoï, capitale du Vietnam, pays au passé colonial français, souvent douloureux, où il rencontrera lundi les dirigeants et mardi des acteurs du secteur de l’énergie, autre thème-clé de la tournée. La France espère faire valoir son expertise dans le nucléaire civil, au Vietnam comme en Indonésie, qui veut se convertir à cette énergie, même si d’autres pays, dont la Russie, sont sur les rangs.
À Jakarta, en Indonésie, il s’entretiendra aussi mercredi avec le secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), Kao Kim Hourn. L’occasion de défendre la position française de « puissance d’équilibre », qui peut être vue avec bienveillance dans la région. La volonté de la France « de s’engager résolument dans la géopolitique indopacifique offre au Vietnam un contrepoids utile face à l’influence grandissante de la Chine », estime ainsi Nguyen Khac Giang, chercheur au ISEAS-Yusof Ishak Institute de Singapour.
Commerce et concurrence équitablesParis et Jakarta partagent une même « préoccupation » au sujet des « tensions qui règnent actuellement en raison de la rivalité entre les grandes puissances », abonde Lina Alexandra, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) dans la capitale indonésienne. « Nous, nous défendons l’idée de règles du commerce international, nous ne souhaitons pas une jungle où la loi du plus fort s’impose », sera en substance le message du président français à ses partenaires du Sud-Est asiatique, selon un de ses conseillers.
Pour mieux cibler en creux une Amérique qui met « une pression extrêmement forte » via les taxes commerciales de Donald Trump, et des autorités chinoises de plus en plus offensive sur les contentieux à la fois commerciaux et territoriaux, notamment en mer de Chine méridionale, a ajouté la présidence française. Emmanuel Macron s’est d’ailleurs entretenu avant son départ avec son homologue chinois Xi Jinping, qui vient lui-même de faire une tournée régionale en passant par Hanoï, et auprès duquel il a plaidé pour des « conditions de concurrence équitables ».
Enfin à Singapour, vendredi, le chef de l’État prononcera le discours d’ouverture du Shangri-La Dialogue, plus grand forum asiatique sur la sécurité et la défense. Il entend marteler que « la guerre menée par la Russie en Ukraine est un conflit qui a des conséquences mondiales », « y compris pour l’Asie du Sud-Est », selon l’Élysée, puisqu’il « s’agit d’une remise en cause de la souveraineté » et que Moscou « déstabilise l’Asie » en « faisant combattre les soldats nord-coréens sur le sol européen contre les Ukrainiens et en soutenant les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord ».
SudOuest