Famine à Gaza, manifestation contre l'islamophobie : quand de vraies images sont accusées d'être fausses pour les décrédibiliser

À au moins deux reprises cette semaine, des internautes affiliés à l'extrême droite ont contesté l'authenticité d'images qui étaient pourtant vraies, contribuant à les décrédibiliser et à la désinformation.
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Dans le Vrai ou Faux, il est régulièrement question d'images générées par des intelligences artificielles qui sont utilisées pour désinformer. Mais vendredi 16 mai, il est question du processus inverse : le fait de mettre en doute des images pourtant vraies afin de les décrédibiliser et de désinformer. Les derniers jours ont fourni deux exemples de ce procédé.
"Il n’y a pas de génocide et il n’y a pas de famine à Gaza", martèle l'ancien politique Bruno Attal sur X. L'influenceur d'extrême droite, suivi par plus de 160 000 personnes, accuse le journal L'Humanité d'avoir détourné une image pour faire croire qu'il y a une famine à Gaza. En cause, la une du journal de mercredi 14 mai qui montre la photo d'un enfant extrêmement amaigri, les yeux exorbités, les joues creuses, la peau sur les os. "Cet enfant est atteint de mucoviscidose", affirme Bruno Attal.
Mais le journal s'en défend. "L'extrême droite accuse notre journal d'avoir publié une fausse photo, documentant l'usage de la faim comme arme de guerre dans la bande de Gaza", écrit la codirectrice de la rédaction, Maud Vergnol sur X. "Cet enfant gazaoui existe bien. Il s'appelle Osama El Rakab. Il ne mange pas à sa faim. À ces faiseurs de haine qui ne veulent pas voir la vérité en face, peut-être liront-ils ce chiffre : 14 500 enfants ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre. C’est plus que le nombre d’enfants tués en quatre ans de guerres dans le monde entier."
L'Humanité du 14 mai : Netanyahou, l'affameur de Gaza
Et en effet, l'enfant en question existe bel et bien et, même s'il est atteint de mucoviscidose, il souffre aussi de la faim. Osama El Rakab, 5 ans, est hospitalisé dans un service de l'hôpital Nasser de Khan Younès qui prend spécifiquement en charge les patients qui souffrent de la malnutrition. Il a été photographié par deux agences de presse, l'AFP puis AP, à deux occasions différentes. L'Humanité a utilisé une photo de l'AFP, prise le 24 avril. La légende de la photo explique que l'enfant "lutte pour sa vie (…) à cause d'une faiblesse corporelle liée à la malnutrition".
AP l'a à son tour pris en photo le 1er mai. La légende indique cette fois que la mère du garçon dit que "la mucoviscidose de son fils a empiré depuis le début de la guerre à Gaza à cause du manque de viande, de poissons et de compléments alimentaires à base d'enzymes pour l'aider à digérer la nourriture".
Cette agence précise qu'il est hospitalisé dans "une clinique spécialisée dans la malnutrition" et a aussi photographié son corps, squelettique. Sur d'autres images prises au même endroit le même jour, l'on voit des photos de jeunes bébés tout aussi atteints par la famine.
Ce même procédé qui consiste à contester l'authenticité d'une image qui est pourtant vraie a été appliquée la même semaine à une photographie partagée sur X par Jean-Luc Mélenchon. Il pose derrière une banderole "Stop racisme" dans la manifestation contre l'islamophobie du dimanche 11 mai à Paris. Derrière lui flottent plusieurs drapeaux, de la France insoumise, de la Palestine et de la France.
Aujourd'hui dans Paris en dépit de l'invisibilisation, des milliers et des milliers contre l'islamophobie. pic.twitter.com/4M60LxT1rs
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) May 11, 2025
Des internautes, comme le compte Le Glaive, classé à l'extrême droite qui véhicule des propos anti-immigration assez virulents, affirme que, sur cette image, "aucun drapeau français n'est vrai". Selon lui, ils ont été rajoutés à l'aide d'une intelligence artificielle. Les accusations s'appuient sur un logiciel en ligne qui est censé détecter les modifications faites par intelligence artificielle.
Or, c'est faux. Des drapeaux français ont bel et bien flotter au-dessus de la foule, lors de cette manifestation. Ils ont été photographiés par des journalistes, comme nos confrères d'ICI Paris Île-de-France, ex-France Bleu, qui ont couvert la manifestation. Selon France 24, le logiciel de détection d'intelligence artificielle a pu être trompé par le fait que les Insoumis ont changé la luminosité des images partagées pour que les couleurs soient plus vives. Cela rappelle qu'il faut se méfier de ces logiciels et ne pas prendre ce qu'ils disent pour argent comptant.
Ces deux exemples montrent bien que décrédibiliser des images permet de désinformer dans un cas sur la réalité de ce qu'il se passe à Gaza, dans l'autre sur la France insoumise et les manifestants contre l'islamophobie.
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