Faux «scoop» d’un trafic de cocaïne à Reconquête : Emmanuelle Gave condamnée pour diffamation
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Une descente de flics au parti d’Eric Zemmour, des kilos de coke saisis, un trafic tentaculaire impliquant jusqu’à l’Elysée, une enquête d’Interpol, des filatures, indics et, au milieu, Sarah Knafo, à l’époque pas encore eurodéputée. L’histoire aurait fait de beaux articles. Mais tout était bidon : le scénario avait été inventé par Emmanuelle Gave, fille du millionnaire Charles Gave, un financier de l’extrême droite, fâchée avec Reconquête. Le délire de l’ex-avocate, à l’époque largement développé sur son compte Twitter avec l’aide d’un ami mythomane, avait duré tout un week-end de septembre 2022, au moment de l’université d’été de Reconquête, dans le Var.
Emmanuelle Gave avait alors conté son «scoop» à ses 50 000 abonnés, notamment l’audition fictive de Sarah Knafo devant les poulets, dans laquelle celle-ci aurait mouillé deux connaissances à elle. Non sans conséquences : Gave vient d’être condamnée pour diffamation à l’encontre de Reconquête, après une audience qui s’est tenue le 29 avril, à payer au mouvement d’extrême droite 1 500 euros de dommages et intérêts. Le parti en réclamait 30 000.
Reconquête avait pris l’affaire très au sérieux : au moment des faits, les 10 et 11 septembre 2022, il tenait son université d’été à Vinon-sur-Verdon, dans le Var. Depuis Paris, derrière son ordinateur, Emmanuelle Gave, prétendait qu’une descente de flics y avait eu lieu, où 64 grammes de cocaïne avaient été saisis, à l’issue d’une enquête portant sur 200 kilos de poudre, résultant d’une action conjointe des gendarmeries du Var et d’Interpol, laquelle aurait «fait bloquer le réseau» de téléphonie mobile du coin pour éviter des fuites entre les dealers.
Tout était bien ficelé : Emmanuelle Gave avait même tenté à l’époque de vendre son faux «scoop» à la presse, dont Libé, nous mettant en relation avec un individu qui se faisait passer pour le «commandant Interpol en charge de l’opération». La conversation téléphonique entre Libé et le mythomane avait d’ailleurs été lunaire, dérivant vers un complot entre Reconquête et Emmanuel Macron sur fond de trafic de drogue : «On travaille d’une manière discrète. On est une petite cinquantaine de personnes en tout. Vous n’aurez absolument aucune confirmation ou précision par mes services parce que pour l’instant on a fermé les écoutilles…»
Vérification faite auprès du parquet : pas de descente, pas d’enquête, pas de drogue, et le secrétariat général d’Interpol avait rappelé qu’«Interpol ne lance jamais d’opération sur le terrain. C’est toujours la police nationale». Il aurait fallu qu’Emmanuelle Gave le sache avant.
Libération