France. Zelensky attendu à Strasbourg pour acter la création d’un tribunal spécial

Au cours de ses tournées diplomatiques, Volodymyr Zelensky ne s’était encore jamais arrêté à Strasbourg. Son Conseil de l’Europe (46 États membres), pourtant, soutient l’Ukraine sans concession depuis 2022, et avait même exclu la Russie de ses membres dès l’invasion à grande échelle – chose qu’aucune autre organisation internationale n’a fait.
Certes, son soutien n’est ni financier ni logistique (il n’en a ni la mission ni les moyens), mais pas non plus symbolique. Protecteur des règles juridiques et des droits de l’homme sur le continent, il fournit une expertise précieuse, et sa Cour européenne des droits de l’homme est saisie de milliers de requêtes sur des exactions commises en Ukraine depuis 2014, y compris le crash du vol MH17, sur lequel un arrêt doit être rendu en juillet.
Le soutien de plus de 30 EtatsTrès vite après l’invasion, l’Assemblée parlementaire du Conseil avait demandé la création d’un tribunal spécial pour « enquêter et engager des poursuites pour le crime d’agression commis par les dirigeants politiques et militaires » de Russie. Trois ans d’expertises juridiques et discussions diplomatiques plus tard, ce tribunal s’apprête à être créé. Volodymyr Zelensky signera son acte de naissance à Strasbourg ce mercredi. Il fonctionnera sous l’égide du Conseil de l’Europe, avec le soutien annoncé de plus de 30 États et de l’Union européenne.
La France « soutient totalement cette très bonne initiative, nous dit l’ancien ministre Pap Ndiaye, ambassadeur de France auprès du Conseil de l’Europe. Il est très important que des poursuites soient engagées contre les dirigeants russes, par la Cour pénale internationale d’une part, pour juger les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis, mais aussi par ce tribunal spécial, pour juger le crime d’agression, qui correspond à ce que le tribunal de Nuremberg appelait "crime contre la paix". » Comme, par exemple, envahir militairement l’un de ses voisins…
Il s’agit de condamner les responsables, mais aussi de sceller un interdit, « garantir que la destruction, la violence et la force ne l’emportent pas », résume le secrétaire général du Conseil, le Suisse Alain Berset.
La Russie devra aussi payer des réparations. Le registre des dommages ouvert par le Conseil l’an dernier a déjà reçu 34 000 plaintes d’Ukrainiens pour des pertes matérielles et humaines. Ses bureaux sont installés à La Haye, où devrait aussi être installé le nouveau tribunal spécial.
La Haye, c’est aussi là où se tient actuellement le sommet de l’Otan. L’Ukraine n’en est pas membre, mais Zelensky y est présent pour remobiliser ses soutiens… et ceux qui le soutiennent moins : il doit y rencontrer Donald Trump ce mercredi, juste avant de s’envoler pour Strasbourg.
Le Bien Public