François Bayrou appelle à ne pas se taire face à « l’histoire terrible de l’esclavage »

Ce samedi à Brest, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage et de leurs abolitions, François Bayrou, visiblement touché par la sculpture « Mémoires » de Max Morvan, érigée il y a dix ans, a déclaré dès le début de son discours que cette œuvre « nous invite à nous mettre à l’écoute de notre histoire ».
« Nous ne devons pas nous taire. Cette histoire de l’esclavage doit être connue (…) Nous devons savoir, et pour savoir nous devons nommer, chiffrer, analyser cette réalité », a déclaré le Premier ministre, s’exprimant face à la rade de Brest.
Le Premier ministre a décrit « une histoire terrible et monstrueuse par ses dimensions comme par son objet : environ 4 millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont connu l’esclavage de 1625 à 1848 dans les colonies françaises. »
« Un label va être prochainement créé afin de rassembler tous ces lieux de mémoire de l’esclavage, lieu de l’esclavage en tant que tel, principalement dans les outre-mer et les lieux évoquant les combats pour l’abolition partout sur le territoire », a-t-il annoncé.
Évoquant la « double dette » imposée par la France à Haïti pour indemniser les anciens propriétaires de terres et d’esclaves, le Premier ministre a adressé un « message de solidarité » « à ce peuple martyr et fraternel » et appelé à « un rapport lucide » avec le passé « fondé sur la vérité ».
Emmanuel Macron a annoncé en avril la création d’une commission franco-haïtienne d’historiens pour étudier « l’impact » sur Haïti de la « très lourde indemnité financière » imposée par la France à son ex-colonie en échange de l’octroi de son indépendance.
L’ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, a dit souhaiter que ce « travail permette à notre pays d’engager en direction du peuple haïtien la démarche réparatrice à laquelle l’histoire nous oblige et l’urgence nous appelle. » « Cette histoire est gravée dans la mémoire du peuple haïtien quand, encore aujourd’hui, elle reste absente de la mémoire nationale française », a-t-il souligné.
« Nous ne cherchons pas de repentance. Nous voulons que les jeunes générations regardent l’histoire, notre histoire, en face », a déclaré pour sa part Max Relouzat, fondateur de l’association Mémoires des Esclavages et créateur de l’œuvre « Mémoires ».
Haute de 10 m, l’œuvre en acier a été inaugurée le 10 mai 2015. Le 10 mai est la date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat, en dernière lecture, de la loi Taubira de 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Le Parisien