François Bayrou estime pouvoir adopter la proportionnelle aux législatives d’ici début 2026

Annonce concrète ou nouvelle manière d’arracher un sursis ? François Bayrou a évoqué à nouveau l’adoption de la proportionnelle pour les législatives, ce dimanche 29 juin, sur l’antenne de RTL. Le premier ministre assure disposer d’une « majorité » pour adopter sa réforme, qu’il entend présenter après le débat budgétaire (si toutefois il n’est pas censuré à cette occasion), soit à la fin de l’année ou en janvier 2026.
De quoi parle-t-on ? D’une modification du mode de scrutin pour l’élection des députés, aujourd’hui élus au scrutin majoritaire à deux tours. Avec la proportionnelle, chaque parti aurait un nombre de députés équivalent à son score en pourcentage.
Reste à savoir le périmètre au sein duquel sera calculée cette proportion : sur des listes nationales, régionales ou départementales ? Et avec quel seuil minimal pour avoir un siège (2,5 %, 5 %…) ? Une solution mixte avec une part seulement des sièges concernés par la proportionnelle est envisageable.
Conscient qu’il y a autant de façon d’envisager la proportionnelle que de groupes à l’Assemblée, François Bayrou se garde bien de préciser sa pensée. Sa déclaration renvoie en outre à une vieille promesse évoquée dès sa nomination en tant que chef du gouvernement : du reste, le président du Modem défend cette idée depuis 2007. Il pencherait plutôt pour une proportionnelle sur une base départementale.
François Bayrou estime pouvoir compter sur une grande partie des voix de la gauche (LFI et les écologistes sont pour) même si le PS et le PCF ont déjà fait part de leurs doutes. Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel considère par exemple que « ce n’est pas la priorité », toutefois la proportionnelle intégrale figurait dans son programme en 2022.
À ces voix s’ajouteraient celles du Rassemblement national. Menacé de censure sur le budget cet automne, François Bayrou espère sans doute que l’extrême droite rechigne à faire tomber le gouvernement, si celui-ci s’engage à faire adopter une réforme plébiscitée par Marine Le Pen. À un détail près : le RN est favorable à une proportionnelle avec prime majoritaire, un scrutin sur mesure pour lui permettre d’obtenir une majorité absolue.
Surtout, le premier ministre risque de fragiliser le « socle commun » sur lequel repose son gouvernement. Au sein de l’arc macroniste, seul son parti le Modem est pour. Ce week-end, en Conseil national, Les Républicains ont réaffirmé être farouchement opposés à un tel mode de scrutin. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, également président de LR, a même mis son départ dans la balance s’il devait être forcé de porter un tel texte (les questions électorales dépendant de Beauvau). Du reste, le Vendéen n’attend qu’une bonne occasion pour démissionner et lancer pleinement sa course à la présidentielle. À défaut de réformer le scrutin, François Bayrou pourrait lui offrir ce boulevard.
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