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Génocide, un mot tabou pour qualifier l’anéantissement de Gaza ?

Génocide, un mot tabou pour qualifier l’anéantissement de Gaza ?

C’est un mot qui déchaîne les passions. Qui peut faire exploser une conversation en mille morceaux, ou bien la figer immédiatement. Mi-mai, un lycéen de Blois (Loir-et-Cher) utilise en classe le terme de « génocide » pour qualifier ce que le gouvernement israélien inflige aux Gazaouis.

Élisabeth Badinter, en visite dans l’établissement qui porte le nom de son époux, en a immédiatement le vertige. « On le laisse dire ? » s’indigne-t-elle, selon Mag’Centre. L’élève se réfugie dans le silence. Le débat n’aura pas lieu, tant le mot tient du tabou. « Il a été inventé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il provoque des émotions extrêmement fortes et convoque une douleur gigantesque. C’est le mot qui a été posé sur l’innommable, sur le crime des crimes. Il est fortement accroché à la Shoah, et aussi aux génocides les plus monstrueux, les plus barbares et les plus cruels qu’a connus l’histoire, comme celui des Arméniens et celui des Tutsis au Rwanda. C’est pour cela qu’il y a des pudeurs à l’utiliser », note Roland Gori.

L’essayiste et psychanalyste ne l’a d’ailleurs pas brandi de suite concernant la situation à Gaza. « Il y a un décalage entre l’acceptation de ce mot, qui pour beaucoup signifie la volonté organisée d’anéantir tout un peuple, et sa définition en droit international, qui retient ”l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe”, notamment via une “atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale” et la “soumission intentionnelle à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle”. De ce point de vue, il me semble évident que le gouvernement israélien, qui bombarde et affame les Gazaouis, est engagé dans un processus génocidaire. Et ce d’autant plus qu’il est frappé par un manque d’empathie et une forme de déshumanisation vis-à-vis des Palestiniens. »

Si les regards sur le mot évoluent, comme en témoignent les tribunes signées par de plus en plus de personnalités au fil des mois, c’est aussi parce que la nature du conflit a évolué. En juin 2024, le journaliste et historien Didier Epelbaum estimait, dans Marianne, qu’il « faut être particulièrement crédule pour ne pas voir que cette accusation de génocide fait partie de l’arsenal du Hamas et de ses alliés, que c’est un missile juridique destiné à exploser la légitimité d’Israël ».

Il ajoutait que « c’est la pire des guerres car le Hamas pratique la stratégie du bouclier humain, interdite par la convention de Genève. À une échelle jamais vue ». Cette idée selon laquelle Israël, en représailles après les massacres du 7 octobre 2023, menait la guerre avec mesure et déplorait les victimes dites collatérales a cependant été battue en brèche au fur et à mesure que Benyamin Netanyahou annonçait sans cesse de nouveaux objectifs de guerre, détruisant toujours plus Gaza et ses habitants.

Il existe ainsi aujourd’hui à la fois une injonction à utiliser le mot de génocide, au motif que le refuser reviendrait à minimiser ou nier ce qui se passe à Gaza, et une injonction à ne pas l’utiliser, au motif que cela représenterait un travestissement de la réalité, en plus d’affaiblir le mot. Ou encore de constituer une insulte vis-à-vis des victimes de la Shoah. « Le mot ”génocide” provoque une sorte de court-circuit psychique dans l’opinion publique internationale, car on touche à l’épine dorsale des consciences humaines : comment les descendants des victimes de la Shoah pourraient-ils en commettre un ? » analyse Vincent Lemire dans l’Obs.

L’historien ajoute : « Concernant Gaza, en tant qu’historien, je parle de ”guerre d’éradication”, au sens étymologique, car il s’agit bien de ”déraciner” une population, par les bombardements, la faim, la soif, ou l’expulsion. Il s’agit de supprimer le ”problème Gaza”, pour reprendre la sémantique de Bezalel Smotrich, le ministre des Finances israélien, et ce plan remonte à fin 2023. »

Quant à Emmanuel Macron, il laisse « aux historiens » la responsabilité de se prononcer. Un jour. « C’est problématique pour deux raisons : parce que le gouvernement israélien massacre au prorata de ce qu’il peut faire par rapport aux États-Unis d’abord, et au reste du monde ensuite. Enfin, parce que la convention de 1948 prévoit à la fois la répression des génocides, mais aussi leur prévention. Emmanuel Macron ne peut ignorer que le droit international exige la mise en place de mesures immédiates à la fois face à un génocide, mais aussi face à un risque de génocide », insiste Roland Gori.

Nous devons empêcher un génocide ! Pour faire entendre les voix de la paix et mettre fin aux massacres, faire reconnaître un État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël et permettre à l’ensemble des forces progressistes et humanistes de se rassembler, le PCF organise un rassemblement à Paris, « Stop aux massacres. La paix maintenant ! Reconnaissance de l’État de Palestine ». Lundi 26 mai, à 19 heures, parvis des Droits-de-l’Homme, au Trocadéro.

Nous devons empêcher un génocide ! Pour faire entendre les voix de la paix et mettre fin aux massacres, faire reconnaître un État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël et permettre à l’ensemble des forces progressistes et humanistes de se rassembler, le PCF organise un rassemblement à Paris, « Stop aux massacres. La paix maintenant ! Reconnaissance de l’État de Palestine ». Lundi 26 mai, à 19 heures, parvis des Droits-de-l’Homme, au Trocadéro.

Nous devons empêcher un génocide ! Pour faire entendre les voix de la paix et mettre fin aux massacres, faire reconnaître un État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël et permettre à l’ensemble des forces progressistes et humanistes de se rassembler, le PCF organise un rassemblement à Paris, « Stop aux massacres. La paix maintenant ! Reconnaissance de l’État de Palestine ». Lundi 26 mai, à 19 heures, parvis des Droits-de-l’Homme, au Trocadéro.

La question, au final, est donc d’agir au plus vite, quelle que soit la réponse autour de ce qui divise sémantiquement. À savoir s’il existe différentes modalités de génocides d’intensités et de degrés divers, ou un seul, qui renvoie aux pires de tous. Deux grands historiens israéliens, Amos Goldberg et Daniel Blatman, ont une réponse sur le sujet : « Gaza n’est pas Auschwitz, mais c’est quand même un génocide. »

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L'Humanité

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