Gérald Darmanin s'oppose à Gabriel Attal, Bruno Retailleau tacle Dominique de Villepin... La guerre de 2027 est ouverte entre LR et la macronie

Coup de chaud aussi dans les rangs du bloc central. Si le pays traverse un épisode de canicule, lié au réchauffement climatique, les esprits s'échauffent tout autant au sein du bloc commun.

Première passe d'armes ces dernières heures entre Gérald Darmanin et Gabriel Attal. Ce jeudi, l'ex-Premier ministre, désormais patron de Renaissance et des députés macronistes à l'Assemblée nationale, a expliqué ne "pas voir pas de projet de société commun" entre Les Républicains et le camp présidentiel dans les colonnes du Monde ce jeudi soir.

La France "n'a pas besoin ou même envie d'une révolution conservatrice", juge encore Gabriel Attal, évoquant ses "divergences profondes" avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, nouveau numéro 1 des LR.

Par ces quelques mots, le trentenaire semble de fait évacuer toute idée d'une primaire autour entre la droite et la macronie pour la prochaine présidentielle. Et tant pis si les deux partis travaillent pourtant ensemble au sein du gouvernement de François Bayrou.

De quoi profondément agacer Gérald Darmanin. L'actuel garde des Sceaux, un temps ministre de l'Intérieur sous les ordres de Gabriel Attal et longtemps député LR a exprimé ce lundi matin sa colère.

"Je pense qu'il faut avoir un projet de rassemblement plutôt qu'un projet d'exclusion", a expliqué le ministre de la Justice sur RTL, expliquant "ne pas être d'accord avec la position de Gabriel Attal".

Difficile pour Gérald Darmanin de ne pas réagir. Tout en assurant envisager de se présenter à la présidentielle, le garde des Sceaux ne fait pas mystère de sa proximité avec Édouard Philippe, officiellement déjà lancé dans la course à l'Élysée.

La configuration idéale pour lui serait donc que le maire du Havre arrive à rassembler largement sur son nom en convainquant la droite et la macronie de le soutenir, soit exactement ce que refuse de faire Gabriel Attal.

Autre front au sein même de la droite qui montre que les aspirants du bloc central sont de plus en plus nombreux à se tirer dans les pattes: Dominique de Villepin et Bruno Retailleau.

Ce dimanche, le ministre de l'Intérieur, étoile montante de la droite qui se verrait bien représenter son parti en 2027, a accusé sur BFMTV l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac de parler "comme l'extrême gauche", l'accusant d'être issu d'une "pseudo-droite" qu'il "combat".

Depuis des mois, les deux hommes n'ont de cesse de se lancer des invectives. Quelques jours avant la sortie de Bruno Retailleau, Dominique de Villepin l'accusait ce jeudi auprès du Point de "s'être construit dans une filiation réactionnaire conservatrice".

L'ex-ministre des Affaires étrangères, toujours auréolé de son discours contre la guerre en Irak à l'ONU tenu en 2003, juge encore dans l'hebdomadaire que le locataire de la place Beauvau veut "dresser un groupe contre un autre", un projet "d'essence autoritaire".

Dominique de Villepin embarrasse une partie de la droite depuis des mois, accusant notamment Bruno Retailleau de "dérive tragique" dans "sa course avec le Rassemblement national".

S'il ne compte plus guère de soutiens parmi les élus LR depuis des années, l'ancien locataire de Matignon compte capitaliser sur son retour en grâce dans les sondages. Se positionnant comme le défenseur d'une ligne d'équilibre sur le conflit entre Israël et le Hamas, défenseur du dialogue avec l'Algérie, là où Bruno Retailleau plaide pour le bras de fer, l'ancien chef du gouvernement se rapproche de plus en plus d'une candidature à la présidentielle.

Dominique de Villepin a lancé son parti La France humaniste en fin de semaine et publiera un livre dans les prochains jours.

Si Bruno Retailleau et lui ne visent pas du tout le même électorat pour la présidentielle, son entrée dans l'atmosphère n'est pas une bonne nouvelle pour le ministre de l'Intérieur. Des piques en pagaille ont donc toutes les chances de s'échanger. Sans oublier que Dominique de Villepin devrait profiter de chaque occasion pour mettre le locataire de Beau face à son relativement maigre bilan depuis son arrivée.

Entre l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac, Gabriel Attal, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, le match en vue de 2027 semble donc plus que jamais lancé.

Mais la situation politique très instable. Entre le risque que François Bayrou soit censuré dans les prochaines semaines et la possibilité pour Emmanuel Macron de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale, difficile de savoir qui sera toujours partant en septembre 2026 quand l'organisation d'éventuelles primaires pour trouver un candidat au socle commun sera véritablement sur la table.