Kanaky-Nouvelle-Calédonie : ce qu’il faut savoir avant le sommet historique pour l’avenir de l’île prévu à Bougival

Le terme de conclave est décidément à la mode : de l’élection papale aux retraites, il est également utilisé pour les négociations sur la Kanaky – Nouvelle-Calédonie. À juste titre : comme en mai, dans la commune de Deva et sous l’égide du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, les délégations politiques de l’archipel seront réunies à Bougival (Yvelines), puis au ministère à partir de ce mercredi 2 juillet. Avec Emmanuel Macron, et sans limite de temps, selon l’Élysée, qui précise que les discussions se poursuivront « sans échéance prédéterminée ». Ces négociations seront scrutées de près par l’ONU, qui a réitéré le 13 juin à la France ses obligations en matière de décolonisation.
Pourtant, deux mois après le projet d’indépendance-association mis sur la table par Manuel Valls – une première historique de la part de l’État –, les positions demeurent très éloignées. Notamment de la part de la droite anti-indépendantiste, celle de l’ex-ministre Sonia Backès et du député Nicolas Metzdorf. Toutefois, il est notable – et précieux – que tout le monde soit autour de la table, ce qui n’était pas gagné après les fractures apparues au grand jour à la suite des révoltes de mai 2024, au cours desquelles quatorze personnes avaient été tuées, dont onze jeunes Kanak.
Les indépendantistes du FLNKS, dont la délégation est menée par le député Emmanuel Tjibaou, ont reçu samedi dernier le mandat du mouvement réuni en convention à Pouébo, dans le nord-est de la Grande Terre. Celui-ci est clair : « Le FLNKS restera ferme sur son objectif ultime qui est l’accession à la pleine souveraineté car c’est sa vocation en tant que mouvement de libération nationale », rappelle le secrétaire général de l’Union calédonienne et animateur du bureau politique du FLNKS, Dominique Fochi. Pour le Front, le projet présenté à Deva doit être « le socle des discussions », à savoir « une nation avec des liens d’État à État avec la France ».
Toute la question réside sur ce point : que va mettre sur la table Emmanuel Macron ? Va-t-il désavouer Manuel Valls et retirer le projet d’indépendance-association présenté en mai, qui comprenait la création d’un État associé avec la France et une double nationalité ? Ou bien sera-t-il à la hauteur en prenant la mesure de sa responsabilité historique, comme Michel Rocard et Lionel Jospin avec les accords de Matignon en 1988 et celui de Nouméa en 1998 ?
L’enjeu est de taille, alors que se profilent les élections provinciales, au plus tard en novembre prochain. Avec quel corps électoral ? Sans issue positive aux discussions, ce sera celui prévu par l’accord de Nouméa, donc gelé. Au grand dam des anti-indépendantistes, qui ont saisi le Conseil d’État à ce propos via une QPC, une question prioritaire de constitutionnalité, déposée par l’association Un cœur une voix, émanation de la droite.
De surcroît, « Les Républicains » ont mis la pression, menaçant de quitter le gouvernement de François Bayrou en cas de projet d’indépendance-association. C’est précisément ces instrumentalisations nationales de l’enjeu calédonien qui ont mis le feu aux poudres, que ce soit dans les années 1980 ou l’année dernière. Sans que la leçon ne soit retenue.
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
- Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
- Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
- Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.Je veux en savoir plus !
L'Humanité