L’installation de Givaudan sur le site Biolandes repoussée à Grasse ?

La CAPG, "porteur financier " de Givaudan à Biolandes ? En friche depuis 2006, le site grassois, situé route de Plascassier, était sorti de l’impasse en janvier 2020, quand l’agglo signait, avec l’EPF (Établissement public foncier) Paca, une convention d’intervention "pour soutenir le développement et la pérennité du tissu industriel et de la filière arômes et parfums" rappelait le président Jérôme Viaud, lors de la séance du 26 juin. En décembre 2021, l’EPF a, donc, acquis les 24.777m2 du site, pour près de 5 millions d’euros, en attendant que quelqu’un le rachète ensuite.
Et, ce quelqu’un, c’est le groupe Givaudan, leader mondial de l’industrie de la parfumerie et des arômes, avec près de 16.000 employés. En décembre 2023, le géant suisse s’est, en effet, engagé à acheter 2ha (la CAPG a acquis, cette année, les 4.060m2 restants, pour 60.000 euros) pour y installer la SAS Givaudan House of naturals (ex-Albert Vieille, basée à Vallauris et rachetée en 2019) et un site de production et d’innovation de 7.000m2. Pour accueillir, à l’horizon 2027, la quarantaine de salariés basés à Vallauris et à Mouans-Sartoux, créer une vingtaine d’emplois et en faire une véritable "maison mère" soulignait, lors d’une visite des lieux, Maxence Billas, directeur de House of naturals [notre édition du 17 janvier]. La vente par l’EPF devant intervenir, au plus tard, au 31 décembre 2025, date de fin du portage.
4,225 millions d’euros pour le terrain et 147.600 euros de fraisPour que celle-ci puisse être actée, plusieurs conditions. Déjà, au niveau des documents d’urbanisme, notamment "la modification du PLU [Plan local d’urbanisme] pour passer de zone d’activités en zone industrielle, ajoute Jérôme Viaud. Ça a été fait." Pour le reste, c’est plus compliqué, puisqu’à ce jour, Givaudan "n’a pas obtenu toutes les autorisations nécessaires, notamment de la Dreal (2), et souhaite acheter en toute sérénité, quand le permis de construire sera purgé de tout recours." Trop court pour le 31 décembre? En tout cas, côté CAPG, "on anticipe l’éventualité d’un retard sur l’obtention du permis et des autorisations d’exploitation, renseigne le président. Si le calendrier est mauvais, on devra racheter", comme prévu à l’origine dans le deal avec l’EPF. Avant de revendre, "entre le 1er janvier et le 30 juin 2026" à Givaudan (une promesse unilatérale d’achat doit être signée).
Ainsi, si les élus ont délibéré, le 26 juin, c’était surtout pour acter le fait que, si le scénario décrit ci-dessus se concrétise, "la CAPG ne supporte aucune conséquence financière, dont les frais de notaire de cette “double vente" et l’assurance. Ce ne sera pas porté par le contribuable, mais par Givaudan. » Des frais estimés à 147.600 euros – en plus des 4,225 millions d’euros de la vente des terrains.
"On espère que cette délibération ne servira à rien"Ceci exposé, Jérôme Viaud se veut rassurant: "Normalement, ça ne se passera pas comme ça et l’on espère que cette délibération [où il est inscrit que Givaudan souhaite toujours acquérir le site avant la fin de l’année] ne servira à rien. Mais il faut prévoir, pour ne pas se retrouver dans une situation difficile." Au pire, un simple retard, donc, qui pourrait, néanmoins, impacter le calendrier des travaux, prévus dès janvier 2026. En friche depuis près de 20 ans, le site Biolandes n’est, après tout, plus à quelques mois près pour, enfin, revenir à la vie...
1. Plan de prévention du risque inondation.
2. Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
Nice Matin