La chronique du médiateur : la justice condamne la contrefaçon en matière de presse

Le 7 mai, c’est donc une belle victoire qu’ont remportée 40 journaux, dont « Sud Ouest », associés à l’Alliance de la presse d’information générale, qui regroupe près de 300 titres, employant 42 % des journalistes français. En février, ces éditeurs avaient saisi la justice pour obtenir des opérateurs Internet Bouygues, SFR, Orange et Free qu’ils empêchent l’accès à NewsDay.fr, site pirate qui publie plus de 6 000 articles par jour. Le tribunal judiciaire de Paris les a entendus : le blocage s’applique pour dix-huit mois.

« Le terme ‘‘victoire’’ n’est pas galvaudé pour commenter cette décision de justice », livre Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de « Sud Ouest ». « En effet, explique-t-il, l’information collectée sur le terrain, vérifiée avec rigueur et rapidité, puis éditée sur le Web et publiée sur le papier, coûte cher à produire. À ‘‘Sud Ouest’’, 230 journalistes s’y consacrent quotidiennement, dans une entreprise de plus de 700 personnes au service du lecteur. C’est un défi quotidien, dans un environnement complexe. Le prix du papier, par exemple, a été multiplié par deux au moment du Covid et de la guerre en Ukraine. Tout en optimisant l’offre dans notre journal imprimé qui, depuis fin mars, met davantage en avant les atouts de notre territoire néo-aquitain, nous œuvrons à développer le nombre de nos lecteurs sur le Web. Nous totalisons 43 000 abonnés numériques, et sudouest.fr est dans le top 10 des sites français d’informations générales. Avec 11,5 millions de personnes lisant ‘‘Sud Ouest’’ dans une version papier ou digitale chaque mois, notre titre conforte sa position de média régional de référence. »

« Cette victoire judiciaire marque un coup d’arrêt. Elle est le reflet de la détermination des groupes de presse à protéger la valeur des contenus journalistiques »

Dès sa montée en puissance sur Internet, « Sud Ouest » a choisi une stratégie « freemium » : certains contenus sont accessibles gratuitement alors que d’autres nécessitent un abonnement. Ces derniers proposent une information plus riche, exclusive, qui justifie leur caractère payant. « C’est la qualité des articles qui est au centre de la stratégie d’abonnement », explique le journaliste Helder Fonseca pour l’association mondiale des journaux, Wan-Ifra. « En amont, poursuit-il, les contenus gratuits doivent donner envie aux lecteurs de rester sur le site du journal. Puis il convient de les fidéliser en leur proposant un choix éditorial varié et de qualité. Le but de cette stratégie est aussi d’avoir une certaine indépendance vis-à-vis des recettes publicitaires qui peuvent fluctuer d’une période à l’autre, selon la visibilité des contenus sur Google, Facebook ou Twitter. »