La Colombie craint “un ouragan de violence” après l’attentat contre un prétendant à la présidence
Attaqué lors d’un meeting à Bogota le 7 juin, le sénateur de droite Miguel Angel Turbay, fils d’une présentatrice de télévision assassinée par le Cartel de Medellin dans les années 1990, est gravement blessé. Trois autres personnes touchées par balles sont hors de danger.
“La mort d’un dirigeant politique peut générer un ouragan de violence”, a averti le président colombien Gustavo Petro lors d’une allocution tenue samedi 7 juin. Quelques heures plus tôt, le sénateur de droite dure Miguel Uribe Turbay a été blessé par balle lors d’un meeting dans la capitale Bogota. Son pronostic est, à cette heure-ci, réservé, précise le journal progressiste El Espectador. Trois autres personnes ont également été touchées, mais se trouvent hors de danger, précise la revue Semana.
“Ma sympathie va à la famille Uribe et à la famille Turbay. Je ne sais pas comment atténuer leur douleur. C’est la douleur d’une mère disparue et de la patrie”, a déclaré le premier mandataire de gauche du pays, avant que le sénateur ne soit opéré, alors que le pays entre lentement dans un contexte électoral tendu en vue des présidentielles de 2026.
“Aucune ressource ne doit être épargnée, pas un seul peso, pas un seul moment à consacrer à la recherche du coupable intellectuel […] où qu’il vive, que ce soit en Colombie ou à l’étranger”, a-t-il ajouté, tout en rappelant qu’il doit aussi garantir les droits d’un mineur capturé lors de la poursuite.
Paradoxalement, Miguel Uribe Turbay prononçait un discours en défense des citoyens à être armés en Colombie, un pays plongé depuis plus d’un siècle dans une guerre entre soldats, guérilleros, paramilitaires et narcotrafiquants, d’après ce que l’on peut entendre dans unevidéo publiée par la revue Cambio et capturée au moment de l’attentat.
Sa mère, Diana Turbay, était une célèbre présentatrice de télévision assassinée en captivité par le cartel de Medellin au cours d’un épisode tragique qui fascina le pays en 1991, rappelle le média indépendant Las2Orillas.
“Le samedi 7 juin 2025, dans l’après-midi, le pays a vu revenir un fantôme : celui de la violence politique au début d’une longue campagne présidentielle […] Cette fois, la victime était Miguel Uribe, 39 ans, aujourd’hui sénateur et précandidat à la présidence pour le Centre démocratique”, tonne le site politique La Silla Vacía, centriste mais frontalement opposé au président Petro.
La Silla Vacía dénonce la “stratégie de radicalisation” dont le gouvernement serait coupable dans le cadre des élections, alors que Petro a appelé à mener des grèves et des manifestations contre ce qu’il considère comme un blocage de la part du pouvoir législatif, qui noie une grande partie de ses propositions de réforme.
Difficile de lui donner tort au vu du long passif colombien de magnicides, de massacres et même d’une “extermination” - selon le Parquet — d’hommes politiques de gauche commise par des paramilitaires de droite alliés à des agents de l’État entre 1984 et 2016, année de la signature de l’historique accord de paix entre l’État et la puissante guérilla de gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Mentor politique de Miguel Uribe Turbay, le puissant ex-président Álvaro Uribe a appelé “à la réflexion des citoyens” après l’attentat commis contre “un espoir de la patrie”. Et ce alors que le renforcement des groupes illégaux – notamment de dissidences des Farc — dans les zones éloignées du pays met à mal la politique de “paix totale” du président.
Courrier International