« La France des honnêtes gens » : Bruno Retailleau et LR recyclent leurs vielles obsessions et nient le racisme en France

Bruno Retailleau sait comment perdre une élection présidentielle. En 2017, il est le coordinateur de campagne de François Fillon, auquel il reste fidèle même quand les chances de victoire du Sarthois sont pulvérisées par l’affaire Penelope. Ironie ou manière de conjurer le sort, le nouveau président du parti Les Républicains articule sa course à l’Élysée autour d’un slogan : « La France des honnêtes gens ».

Il veut plutôt s’inspirer d’un autre « honnête » issu de ses rangs, qui lui l’a emporté en 2007, Nicolas Sarkozy. Le ministère de l’Intérieur pour gagner en exposition médiatique puis la prise en main du parti de droite pour mettre la machine à son service : Bruno Retailleau a choisi la même méthode. C’était d’ailleurs le sens du Conseil national des LR, qui s’est tenu ce week-end et a vu son président entériner le nouvel organigramme d’un parti en ordre de bataille pour les municipales et, surtout, la présidentielle de 2027.

Dans son discours, le nouveau président du mouvement a développé ce qu’il entendait par « honnêtes gens ». Rien à voir avec la vertu de Fillon et Sarkozy, pour Bruno Retailleau, il s’agit d’un archétype, caricatural, de l’électeur de droite. Voir d’extrême droite. « La France des honnêtes gens c’est la France qui travaille, qui travaille dur, qui se lève tôt et qui paie cash, à chaque fois, le prix de l’assistanat », a-t-il démarré.

« La France des honnêtes gens, c’est celle qui en a marre de la disqualification de l’histoire de France, de la pénitence perpétuelle infligée à notre pays. La France des honnêtes gens ne salit pas son histoire », a-t-il poursuivi avant de conclure, sous les applaudissements : « La France des honnêtes gens en a, vraiment, absolument marre qu’on l’accuse d’un pseudo-racisme, d’un racisme imaginaire. Elle en a marre d’un wokisme victimaire. »

Être honnête, pour Bruno Retailleau, c’est refuser de voir que plus de 9 millions de personnes en France vivent sous le seuil de pauvreté, du fait des bas salaires que la droite refuse d’augmenter ou d’aides sociales qui permettent à peine de sortir la tête de l’eau.

C’est refuser de reconnaître les agissements de l’État français dans ses colonies, comme si tout dans son Histoire n’était que gloire et bonté. C’est refuser de mesurer le climat de haine xénophobe qui a abouti, ces dernières semaines, aux meurtres d’Aboubakar Cissé et d’Hichem Miraoui.

Désignant la gauche comme son « adversaire principal » et sans jamais évoquer le Rassemblement national – si ce n’est en appelant les militants à ne pas se « tromper d’adversaire » – Bruno Retailleau promet d’inscrire sa campagne dans la surenchère droitière.