Le FBI soumet ses propres employés au détecteur de mensonges
Pour prouver leur pleine et entière loyauté à l’égard de leur patron, Kash Patel, et, partant, au locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, des agents du FBI sont désormais soumis à des tests de polygraphe, révèle “The New York Times”.
De tout temps, le FBI a eu “recours au détecteur de mensonges pour tenter de repérer dans ses rangs les employés susceptibles de trahir leur pays ou ceux soupçonnés de ne pas être dignes de confiance” et incapables de garder le secret, souligne The New York Times.
Mais, depuis que Kash Patel a pris ses fonctions de directeur, le Bureau fédéral d’enquête “a considérablement intensifié et élargi l’usage des tests de polygraphe”, soumettant parfois son personnel à des questions redoutablement précises, comme celle de savoir “si certains d’entre eux nourrissent des opinions critiques sur leur patron, Kash Patel”, poursuit le quotidien new-yorkais.
Cette généralisation de l’utilisation du détecteur de mensonges au sein du FBI et les questions inquisitoires posées à son personnel s’inscrivent “dans le cadre de la répression des fuites d’informations en provenance du FBI et reflètent la conscience aiguë de son patron, Kash Patel, de son image publique”.
Cette pratique est dénoncée par d’ex-agents du FBI comme une forme de chasse aux sorcières politique, une exigence de loyauté totalement disproportionnée “ne laissant aucune place à la dissidence”.
Toujours selon ces anciens fonctionnaires, le simple fait de dénigrer Kash Patel ou son adjoint, Dan Bongino, peut-être synonyme de licenciement. Pourtant, comme le remarque dans les colonnes du journal l’ex-agent James Davidson, qui compte vingt-trois ans de maison :
“Un employé du FBI a un devoir de loyauté vis-à-vis de la Constitution, pas vis-à-vis du directeur du Bureau ou de son adjoint.”
Cette pratique a, qui plus est, des conséquences délétères sur l’ambiance de travail en interne et intervient après des vagues de départs plus ou moins volontaires et de licenciements au sein du FBI depuis l’entrée en fonctions de Donald Trump.
Nombreux sont les employés invités à passer au détecteur de mensonges à avoir vu certains de leurs collègues immédiats éliminés lors d’une première purge, tandis que d’autres dans leur entourage étaient poussés vers la sortie ou rétrogradés. “Dans un cas au moins, le Bureau a mis un de ses agents en congé administratif, avant de le sommer de revenir pour le faire passer au détecteur de mensonges”, souligne le New York Times.
Kash Patel et son adjoint ont indubitablement resserré leur emprise sur le FBI, forçant des employés à partir, en plaçant d’autres en congé forcé en raison d’enquêtes antérieures considérées comme ayant nui aux conservateurs et “la croyance que le Bureau a été instrumentalisé politiquement par les démocrates”, explique le journal.
Ce ciblage inclut certains des fonctionnaires les plus respectés aux échelons les plus élevés du Bureau. D’autres sont partis d’eux-mêmes, craignant que la nouvelle direction n’exerce des représailles contre eux pour avoir mené des enquêtes que Trump ou ses partisans n’ont pas appréciées.
Parallèlement, le ministère de la Justice américain a confirmé, mercredi 9 juillet, que “des enquêtes criminelles avaient été ouvertes contre l’ancien directeur du FBI James Comey et l’ancien directeur de la CIA John Brennan”, rapporte The Washington Post. Le quotidien de la capitale fédérale rappelle que les deux hommes sont dans le viseur du président Donald Trump de longue date, notamment pour avoir joué un rôle dans l’enquête sur des soupçons de collusion entre la Russie et l’équipe de Donald Trump lors de la campagne présidentielle de 2016.
Courrier International