Le maire de Nice veut un hôtel de luxe à la place du commissariat Foch, la gauche-écolo réclame des logements publics ou un Ehpad

Un hôtel de luxe à la place du commissariat Foch? Les propos de Christian Estrosi étaient – presque – passés inaperçus… Pas au sein de la gauche-écolo, réunie en vue des prochaines échéances électorales, qui a sauté au plafond et évoque "une bombe" de la part d’un maire "très fort en communication, beaucoup moins en action".

"La ville a été retirée aux Niçois"

Le 10 juillet, le maire (Horizons) de Nice, dans une réunion de quartier sur le modèle "La parole est à vous", ces rencontres qu’il multiplie à l’approche des élections municipales, a donné son avis sur l’avenir du bâtiment qui abrite le commissariat Foch.

Des murs qui seront bientôt vidés de leurs occupants avec la mise en service de l’hôtel des polices, attendu à la fin de l’année. Face aux riverains, Christian Estrosi a souhaité que "celui qui ferait l’acquisition du bâtiment puisse être plutôt un établissement hôtelier qui nous évite d’avoir là aussi une promotion immobilière qui nous apporte un certain nombre de désagréments".

Comprendre: il aimerait que l’État, propriétaire, vende dans le but que le site devienne un hôtel. "Un énième hôtel!", ont pesté en chœur les Écologistes, le Parti socialiste, le PCF 06 et Place publique, le mouvement politique citoyen de Raphaël Glucksmann.

"La ville telle qu’on la connaît désormais a été retirée aux Niçois. Un lit sur deux est dédié au tourisme", avance Julien Picot, le patron des communistes azuréens.

"Faire un hôtel, c’est décalé avec les besoins réels de la population qui manque de logements et surtout de logements sociaux", dit-il, fustigeant "les choix de la droite".

"Faire du logement public"

"Au lieu de faire un nouveau lieu pour les touristes, il y a des choses tellement plus intéressantes à réaliser, comme faire du logement public, dans une ville qui est carencée, et ça le préfet le sait", enchaîne Juliette Chesnel-Le Roux, la cheffe de file de l’opposition écologiste à la Ville et à la Métropole.

Un courrier est d’ailleurs parti à Laurent Hottiaux, le représentant de l’État dans les Alpes-Maritimes. "Christian Estrosi, qui se dit préoccupé par le surtourisme et va dans la rade de Villefranche pour aller à l’abordage d’un paquebot, recommande à l’État de permettre la réalisation d’un complexe hôtelier en plein centre-ville alors qu’il y a plus de 27.000 dossiers de logements sociaux en attente! On nage en pleine hypocrisie. Le logement doit être une priorité", insiste Patrick Allemand pour les socialistes.

"Nice a déjà ouvert 4.000 chambres d’hôtel ces dernières années, et certaines ont du mal à se remplir. Ça suffit", ajoute la patronne des Écolos.

Le jardin racheté par la Ville?

Et tous d’évoquer également la problématique des personnes âgées: "On manque aussi d’Ehpad et même de crèches."

Selon la gauche-écolo, dans le bâtiment de la police nationale, situé au 1, avenue du Maréchal Foch, "il est possible de réaliser entre 30 et 40 logements, avec une belle hauteur sous plafond".

Le commissariat dispose également d’un jardin contigu au bâtiment. Lors de sa réunion publique du 10 juillet, le maire de Nice a promis: "Nous nous [porterons] acquéreur du jardin lui-même pour pouvoir aménager comme nous le faisons dans tous les parcs et jardins de la Ville un lieu sublime qui profite à tout le quartier et qui puisse être un lieu de repos, de sérénité, et d’apaisement. Et dans le jardin, on fera un enclos pour les chiens".