Le Pérou compte transférer des prisonniers vers le Salvador

Le président du Conseil des ministres péruvien, Eduardo Arana, a annoncé ce jeudi 11 juin l’intention du gouvernement d’envoyer des prisonniers vers les mégaprisons salvadoriennes. Objectif, faire face à la surpopulation carcérale dont pâtit le pays.
Après l’envoi en mars de présumés membres d’organisations criminelles en provenance des États-Unis vers les mégaprisons du Salvador, fièrement vantées par le président salvadorien Nayib Bukele, le Pérou a récemment évoqué son ambition de reproduire le même schéma.
Le jeudi 12 juin, au cours d’une présentation devant le Congrès, le président du Conseil des ministres péruvien, Eduardo Arana, a annoncé que le gouvernement étudiait “un mécanisme de coopération bilatérale [avec San Salvador] pour transférer les prisonniers étrangers [sur le sol péruvien] vers leur pays d’origine”, mais aussi vers le célèbre centre de confinement du terrorisme (Cecot) au Salvador, rapporte RPP.
Cité par le média péruvien, il a déclaré :
“Le crime organisé transnational exige des réponses fermes et coordonnées. C’est pour cela que le gouvernement travaille sur diverses stratégies afin d’envoyer ces détenus particulièrement dangereux vers leur pays d’origine.”
La proposition avait déjà été évoquée une semaine plus tôt par le ministre des Affaires étrangères, Elmer Schialer, à la suite d’une rencontre avec le président du Parlement, Eduardo Salhuana. Le ministre, souligne le quotidien El Pueblo, a également déclaré à la presse que la mesure avait été “reprise” par l’ambassadeur du Salvador au Pérou, Pablo Caballero, afin de la suggérer au gouvernement de Bukele.
Selon Eduardo Arana, la proposition aurait comme principaux objectifs de “décongestionner” le système pénitentiaire péruvien, de “désarticuler les structures criminelles” ainsi que de “réaffirmer le principe d’autorité de l’État”, indique Infobae.
En avril, à partir des données de l’Institut national pénitentiaire, El Comercio rappelait que 94 000 prisonniers sont répartis dans les 68 prisons que compte le pays andin, alors que la capacité totale de celles-ci n’est que de 41 000 places.
Toutefois, tempère le média, il n’existe pour l’heure aucune précision sur les potentiels contours de la mesure et nul ne sait comment le mécanisme de transfert s’organiserait entre les gouvernements péruvien et salvadorien. Citée par Infobae, la directrice du média salvadorien Radio YSKL, Nery Mabel Reyes, a affirmé que les autorités du Salvador “ne se sont pas encore prononcées sur cette proposition”.
Depuis l’instauration de l’état d’urgence par Nayib Bukele, en mars 2022, plusieurs organisations non gouvernementales, comme ce fut le cas récemment d’Amnesty International, ont dénoncé des “arrestations arbitraires” en série dans le pays, ainsi que des conditions de détention inhumaines.
Courrier International