Loi Duplomb: une pétition pour son abrogation bat des records

Une pétition contre la loi Duplomb bat tous les records. Lancée le 10 juillet, deux jours après son adoption définitive, elle accumulait ce samedi 19 juillet près de 370.000 signatures.
Cette loi est censée lever les contraintes des agriculteurs en réautorisant l'utilisation d'un pesticide très contesté : l'acétamipride.
Interdit en France, mais autorisé ailleurs en Europe jusqu'en 2033, le produit est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale.
A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre "un tueur d'abeilles". Ses effets sur l'humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d'études d'ampleur.
Les signataires de cette pétition espèrent réimposer le débat aux députés. Elle a été créée à l'initiative d'Eleonore, une étudiante de 23 ans en master "Qualité sécurité et environnement".
Elle dénonce "un acte dangereux" pour les habitants, les écosystèmes, et l'humanité. "Vous voulez nous faire manger du poison", écrit-elle, pointant du doigt le produit issu de la famille des néonicotinoïdes.

La pétition circule largement sur les réseaux sociaux, notamment relayée par des personnalités comme l'acteur Pierre Niney et de nombreux députés de gauche, et vise les 500.000 signatures. Cette barre franchie, un nouveau débat pourrait être organisé à l'Assemblée. Aurélie Trouvé, présidente de la commission des Affaires économiques, s'y engage, alors que ces discussions n'ont justement pas eu lieu.
"C'est porter la voix du peuple dans l'hémicycle. Une partie de la population est fortement opposée, et a très peur de cette loi qui réautorise un pesticide dangereux", explique la députée au micro de RMC.
L'absence de réel débat dans l'hémicycle est l'un des arguments avancés par les députés de gauche qui ont déposé un recours le 11 juillet devant le Conseil constitutionnel, espérant sa censure pour vice de procédure. A ce stade, c'est l'option la plus réaliste pour empêcher sa promulgation.
Outre ce qu'implique cette pétition, elle pourrait devenir symbolique. Si elle a atteint un demi-million de signatures, ce serait une première dans l'histoire de l'Assemblée nationale. Aucune pétition n'a jamais été débattue dans l'Hémicycle dans l'histoire de la Ve République.
Pour rappel, une pétition atteignant les 500.000 signatures dans 30 départements différents peut être débattue dans l'Hémicycle, si la Conférence des présidents l'accepte.
RMC