Mauvaise réputation et besoin de réhabilitation... Le Cannet acquiert un bar tabac PMU phare de la ville

Mauvaise réputation et besoin de réhabilitation se sont conjugués pour décider de l’avenir du bar tabac PMU des Arcades au Cannet.
Aux yeux de la municipalité, cet établissement "phare" de Rocheville à l’angle de l’avenue Franklin-Roosevelt ne brillait pas par son standing, et faisait même tâche avec la requalification de tout le quartier (la place Foch rénovée, le centre administratif, le cinéma, le nouveau parking Vietto, la halle gourmande, les immeubles neufs...) entamée depuis plusieurs années.
Car ce "QG" de nombreux joueurs désœuvrés n’aurait pas seulement généré des cartes de grattage et pause-clope en terrasse. "Dans son environnement immédiat ont été constatés des faits réguliers de violence, rixes ou usage et trafic de stupéfiants...", est-il précisé dans la délibération qui vise à rendre la Ville propriétaire de tous les fonds de commerce.
En février 2014, un violent incendie s’était même déclaré au dernier niveau de cet immeuble locatif. Et le besoin de réhabilitation se faisait sentir "à tous les étages", au propre comme au figuré.
Au terme de longues et âpres négociations, la municipalité (qui possède déjà une partie des appartements) a enfin trouvé accord amiable avec l’exploitant.
Ce dernier avait d’abord réclamé 2,7 millions d’euros pour céder ses fonds de commerce et droits locatifs. Il en retirera finalement 1,8 million et devra quitter les lieux au plus tard au 30 septembre.
"Les autres propriétaires des logements au dessus ont été contactés et seraient également vendeurs", a-t-il été précisé en conseil municipal.
Un nouvel appel d’offres pour une complète réhabilitationLa suite? Un premier appel d’offres pour acquisition-réhabilitation lancé en 2024s’était avéré infructueux, alors que le bar des Arcades restait ouvert jusqu’à 23h50.
La Ville entend en relancer un autre pour l’ensemble (les commerces sur 275m2, et les six appartements du T1 au T4), qui devrait davantage trouver preneur.
"Les commerces du bas seront à définir avec le futur aménageur, confie le maire Yves Pigrenet. On conservera peut-être un tabac et une vente de presse, mais plus de bar PMU!".
L’aménageur devra également réserver 40% de l’habitat au social, pour réduire la carence communale en la matière.
La Ville met aussi la main sur "Les Trois colonnes"En attendant, l’ensemble des élus cannettans s’est prononcé en faveur de cette double opération. Dans le même secteur, c’est au numéro 61 de l’avenue Franklin-Roosevelt que la Ville a fait jouer son droit de préemption pour acquérir l’ancien restaurant Les Trois colonnes (avec cave et appartement au sous-sol) pour 500.000 euros (contre les 525.000 euros évalués par les Domaines), afin de constituer une réserve foncière stratégique dans ce quartier en pleine évolution..
"Tout le monde va nous regretter..."On ne sait pas s’il boira un dernier verre pour la route... Mais Patrick Talon fermera l’établissement qu’il avait repris en famille il y a quatre ans "sans remords ni regret" comme dirait la chanson.
L’accord à l’amiable avec la Ville? "Ce n’est pas une bonne ou une mauvaise opération, c’est juste qu’à un moment donné, il fallait trouver une solution intelligente pour tous, souligne le patron de la brasserie et du bar tabac des Arcades, qui, par le passé, a déjà exploité des stations-service ou monté une compagnie de bateaux de luxe aux Antilles. Moi, je suis un développeur et les Arcades sont devenues une des plus belles affaires du 06. Ce fut une belle expérience de quatre ans, qui a fait venir beaucoup de clients. À la Ville désormais de trouver une bonne solution et les bons commerces pour l’avenir..."
Et qu’on ne lui parle pas de l’insécurité générée par son bar-tabac. Ça, Patrick Talon refuse de l’assumer.
"Aucun débordement sérieux au sein de mon établissement""Il n’y a eu aucun débordement sérieux au sein de mon établissement, et les contrôles des douanes nous ont toujours valu des éloges, affirme-t-il, avant de rajouter: Et puis, il y en avait avant nous de l’insécurité car ce n’est pas nous qui avons créé cette « mixité sociale" qui a dégradé le quartier! Mais la vérité, c’est que notre établissement se trouve au beau milieu d’un développement en cours, auquel on aura néanmoins participé. »
Sauf que la fin de son affaire a ne semble pas se régler dans la plus sereine des ambiances. Avec une clause qui l’oblige à ne pas s’installer sur la commune durant cinq ans, dans un rayon de dix kilomètres autour du bar-tabac.
"Ah ah, j’ai calculé, ça m’amène jusqu’entre les îles de Lérins, préfère en rire Patrick Talon. La Ville craint sans doute que ma façon de gérer ne leur fasse concurrence, c’est normal. Mais je vais partir, loin, et vous verrez, tout le monde dans le coin va nous regretter..."
Sauf la police municipale, peut-être...
Nice Matin